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préface.

lerie dans l’Iowa et l’Illinois, malgré les quinze cents ou deux mille kilomètres qui séparent ces deux pays, uniquement pour avoir des demi-sang percherons.

Jusqu’à une époque toute récente, l’élevage de ces chevaux s’est fait dans les mêmes conditions que chez nous. Chaque fermier avait un nombre plus ou moins grand de juments poulinières qui prenaient part à tous les travaux de la ferme. Mais depuis quelques années on s’est avisé d’appliquer à l’élevage des chevaux les principes qui avaient si bien réussi pour la production du bétail. On a reconnu qu’il était infiniment plus économique, au lieu de procéder comme par le passé, d’élever les chevaux à l’état à peu près sauvage dans les grandes plaines désertes de l’Ouest, où leur nourriture ne coûte rien, sauf à les amener, par les chemins de fer, sur les marchés de l’Est, quand ils sont d’âge à travailler. On aurait pu craindre que les chevaux percherons ou même demi-sang percherons ne pussent pas résister, comme les chevaux du pays, à des froids de trente à trente-cinq degrés, sans jamais rentrer à l’écurie et sans jamais recevoir d’autre nourriture que l’herbe gelée qu’ils trouvent en grattant la neige. Ils se sont tirés à leur honneur de cette épreuve, et ce fait est maintenant si bien établi que, de tous les côtés, il s’établit des ranchs où l’on n’élève plus que des chevaux de race percheronne.

C’est ce genre d’opération que je conseillai à mes deux jeunes gens. Ils allèrent d’abord s’initier pendant quelques mois à toutes les finesses du métier chez un