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recouvert de la peinture de guerre. Heureusement, ils passèrent sans le voir. Plusieurs portaient, à leur lance ou à la bride de leurs chevaux, des scalps encore tout sanglants. À l’endroit où il était caché, il a fait, vingt ans plus tard, construire un petit kiosque, au fond de son jardin, où il vient prendre le frais et boire de la bière qui sort d’une grande brasserie établie, par un ami, de l’autre côté du ruisseau. Il y a là, maintenant, une ville qui s’appelle Monouth, où passent deux ou trois chemins de fer et qui contient 15 ou 20,000 habitants.


chicago. — une villa à greenwood avenue.


Par moments, cependant, nous traversons des zones de terrains marécageux envahis par une végétation rabougrie : des résineux, dont je ne puis reconnaître l’espèce, trempent leurs racines dans de véritables lagunes remplies d’une eau noire et croupissante, marbrée, çà et là, de larges plaques irisées, sur lesquelles s’ébattent des bandes de canards et de sarcelles que le passage du train ne paraît pas préoccuper outre mesure. Ce pays-ci doit être un nid à fièvres pendant l’été, à rhumatismes pendant l’hiver. Mais ces considérations n’arrêtent pas les émigrants, qui calculent seulement le nombre de récoltes successives qu’on pourra tirer de ce bel humus noir accumulé, depuis tant de milliers d’années, à l’ombre des taillis. Sur bien des points, on a construit des habita-