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taine, ce qui ne l’empêche pas d’avoir beaucoup de fond. Celui qui l’a achetée a fait une bonne emplette, car je sais qu’elle n’a pas été vendue cher. »

Le palefrenier adressa un signe de tête à deux personnes qui se tenaient derrière le capitaine. La première de ces personnes était Pichon, qui promenait du cheval au capitaine et du capitaine au cheval son œil gauche qui riait de plaisir. La seconde personne était le directeur-propriétaire de l’entreprise des diligences.

« Vous ne vouliez pas me croire, dit Pichon à son supérieur ; vous voyez que vous pouvez toujours avoir confiance en moi pour les achats.

— C’est vrai, » répondit en souriant le supérieur, et la figure de Pichon devint toute rouge de satisfaction, et Pichon lança un regard de profonde reconnaissance au capitaine.

Cependant les chevaux étaient attelés, les voyageurs attendaient le départ, les mains embarrassées de paquets. Pichon prit sa feuille de route et se mit à faire l’appel.

À mesure qu’il énumérait les noms, les voyageurs se hissaient dans le coupé ou dans la rotonde, la tête en avant, tout rouges de l’effort qu’ils venaient de faire, mais souriant de béatitude et de soulagement à l’idée qu’ils étaient enfin casés et sûrs de partir.

Impériale, une place, M. Maulevrier, dit la voix de Pichon.

— Présent, répondit le capitaine, et il grimpa lestement sur la banquette d’impériale.

—Ah ! c’est vous, dit familièrement Pichon ; et il accompagna ces paroles d’un de ses sourires les plus flatteurs. Le capitaine avait conquis son cœur, qui n’était point du tout facile à conquérir.