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du tout peur de vous ; vous n’êtes pas méchant, vous êtes amusant !

— Et de trois ! Voyons le no 4 ; » et il se pencha vers son filleul qu’il avait fait placer entre sa mère et lui. Le filleul avait les nerfs un peu agacés, c’est pour cela qu’il ne sut pas mesurer ses mouvements ; croyant caresser l’oncle Pichon, il lui administra un bon soufflet au beau milieu de la joue.

Il y eut un moment de surprise, suivi d’une violente explosion de rires.

L’oncle Pichon croisa ses deux bras sur sa poitrine et dit à sa nièce: « Eh bien ! ils sontjolis tes petits ! C’est comme cela que tu les élèves ! »

La femme du tonnelier, qui ne manquait point d’esprit naturel, lui répondit finement:

« Je les élève dans le respect de la famille, et j’espère qu’ils rabroueront toujours ceux qui diront du mal de leur oncle !

— Attrape ! » s’ècria l’oncle Pichon qui aimait beaucoup les ripostes vives. « Ma mignonne, reprit-il en s’adressant sérieusement à sa nièce, je connais la femme d’un percepteur, qui est une petite dame comme il n’y en a pas beaucoup ; elle aurait trouvé aussi bien que cela, mais elle n’aurait pas trouvé mieux, du moins je ne le crois pas. Je ne suis pas de ta force ; et plutôt que de me faire river mon clou une seconde fois, j’aime bien mieux convenir que je ne suis pas méchant.

— Non, vous n’êtes pas méchant ! s’écria avec énergie une bonne grosse voix enrouée.

— Toi ! dit l’oncle Pichon, tu auras un canard pour avoir dit hardiment ton opinion comme un homme. Les deux autres en auront aussi chacun un pour avoir gardé le silence, comme deux enfants bien élevés. Mes enfants, il fait bon ici, et je ne sais pas si jamais de ma vie j’ai tant ri en une seule fois, et même en plusieurs ! »

La ménagère enleva prestement le dessert et plaça deux tasses à café sur la table, une pour son oncle, une pour son mari.

Alors le tonnelier, en hésitant un peu, demanda à l’oncle Pichon si la fumée de tabac ne l’incommodait pas.

Au lieu de répondre, le vieux philosophe tàta vivement la poche de côté de sa blouse, et, n’y trouvant pas ce qu’il cherchait, se pré-