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Le bonhomme reprit, tout en épluchant une pêche: « Mme Gilbert fera l’éducation de sa fille, elle ne veut pas la mettre en pension. C’est une femme instruite, qui a pris son brevet supérieur. M. Gilbert poussera son fils aussi loin qu’il pourra, et le mettra ensuite au lycée de Tours pour qu’il entre à la fin de ses études dans une des écoles du gouvernement.

— Eh bien ! s’écria Mme Pascaud, si ces gens-là s’ennuient chez eux comme les de Jégon, je l’irai dire à Rome.

— Et moi, je ferai la route avec toi, dit facétieusement M. Pascaud, quoique Rome soit loin d’ici, et que le voyage doive coûter cher.

— Mais, reprit Mme Pascaud, qu’est-ce que tu appelles donc les écoles du gouvernement ?

—— Ce sont des endroits où les jeunes gens étudient pour devenir officiers, ingénieurs, et toutes sortes de choses comme cela. »

Oh ! si seulement M. Pichon eût été à portée d’entendre ces paroles, il aurait fermé l’œil droit et ouvert l’œil gauche, à la seule idée qu’un jour il déposerait a la Silleraye un élève de l’École Polytechnique ou de Saint-Cyr, et qu’une fois l’exemple donné, d’autres peut-être se décideraient à marcher sur leurs traces ; car, comme chacun le sait, il n’y a que le premier pas qui coûte.