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LA FRANCE ILLUSTRÉE

Les armes de Chauny sont : d’azur, semé de fleurs de lis d’or, au château de même crénelé, surmonté de trois tours, crénelées de même, le tout posé sur une terrasse de sinople.



Marle. — Marle (Marna, Marla), station de la ligne de Paris à Hirson, chef-lieu de canton de 2,357 habitants, sur la Serre, à 25 kilomètres au nord de Laon, dut en 1174 sa charte communale à Raoul, premier sire de Coucy, dont elle était un des principaux apanages ; plus tard elle appartint au fameux connétable de Saint-Pol. Pillée et brûlée en 1525 par les Anglais, saccagée par le comte de Rœux en 1552 assiégée par les Espagnols en 1650, prise par les frondeurs en 1652, elle n’échappa à aucun des malheurs que sa position sur la frontière lui réservait. Elle ne recouvra la paix et la tranquillité que sous Louis XIV. Son ancien château est bien conservé ; son église, rangée parmi les monuments historiques, appartient au style ogival primitif. Elle fait un certain commerce de grains et de bestiaux et possède des fabriques de toile, des raffineries de sucre et des tanneries.



Château-Thierry (lat. 19° 2’ 46" ; long. 1°3’40" E. ). — Château-Thierry (Castrum Theodorici), à 80 kilomètres sud-ouest de Laon, station de la ligne de Paris à Épernay, chef-lieu d’arrondissement peuplé de 6,902 habitants, était autrefois châtellenie et duché-pairie en Brie, chef-lieu d’élection, siège d’un présidial, bailliage et prévôté royale, dépendait du diocèse et de l’intendance de Soissons et du parlement de Paris.

Une ancienne tradition attribue l’origine de cette ville à Thierry, l’un des rois de la première race, qui y aurait fondé un château, dont les ruines imposantes surmontent encore un rocher escarpé. Une autre version ne fait remonter l’existence de cette cité qu’au Xe siècle et à un riche particulier nommé Thierry, qui, ayant à cette époque acquis le domaine de Richard, comte de Troyes, répara et augmenta considérablement le château et les fortifications de la ville. L’opinion la plus vraisemblable est qu’à la mort de Chilpéric II, en 720, Charles-Martel, maire du palais, fit choix de cet emplacement pour y élever et fortifier un château de peu d’étendue, achevé vers l’an 730. Cette propriété ne fut distraite des biens de la couronne qu’en 877, époque à laquelle Herbert Ier, comte de Vermandois, se la fit donner par Louis le Bègue ; elle resta aux mains de cette famille jusqu’en 945 ; elle échut alors à Richard de Troyes, qui la vendit au Thierry dont nous avons parlé. Château-Thierry eut de nombreux sièges à soutenir : contre Raoul de Bourgogne et Hugues de France, au temps des luttes féodales ; contre les Anglais en 1371 et 1421 ; contre Charles-Quint lui-même, en 1544. La Ligue, la Fronde furent encore pour cette ville de nouvelles causes de désastres ; enfin la bataille de Château-Thierry, soutenue par le duc de Tarente contre les troupes de la coalition, le 12 février 1814, est une des pages de l’histoire militaire de la France.

Château-Thierry fait un commerce de vins, de grains, de bois, de moutons, de laines ; elle fabrique des instruments de musique en bois et en cuivre, des instruments de mathématiques, des ouvrages en cheveux ; elle a des tanneries et des teintureries.

La ville est bâtie en amphithéâtre sur une colline que dominent les ruines de son château, et qui vient mourir sur la rive droite de la Marne ; un beau pont percé de trois arches relie le centre à un faubourg considérable qui s’étend sur la rive gauche. Château-Thierry est la patrie de La Fontaine, dont la maison et la statue s’offrent aux regards du voyageur ; nous n’osons après lui citer plusieurs prélats et savants distingués qui ont cependant contribué aussi à l’illustration de la ville.

Ses armes sont : d’azur, au château d’argent sommé de trois girouettes d’or, accompagné de trois fleurs de lis d’or, deux en chef et une en pointe.



La Ferté-Milon. — La Ferté-Milon (Firmitas Milonis), à 31 kilomètres au nord-ouest de Château-Thierry, peuplée de 1,705 habitants, autrefois châtellenie de l’élection de Crespy, avec prévôté et bailliage, dépendant du diocèse et de l’intendance de Soissons, du parlement de Paris, est une petite ville, bâtie en partie en amphithéâtre sur un coteau peu élevé, et partie sur la gracieuse rivière de l’Ourcq ; elle conserve encore des traces de son ancienne muraille et les ruines d’un château fort, qui date du XIIe siècle.

Avant le IXe siècle, il n’existe aucun document sur cette ville, qui s’appelait alors La Ferté-en-Orceois ou sur-Ourcq ; l’histoire du Milon qui lui donna son nom est restée ignorée ; on sait seulement qu’au XIIe siècle ce domaine passa de Raoul, comte de Vermandois, à Philippe, comte de Flandre ;