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LA FRANCE ILLUSTRÉE

prospérité. C’est une station de la ligne de Paris à la frontière belge, et de celle de Tergnier à Reims.

Place de guerre de 2e classe, située, dans une position stratégique importante, sur une haute colline dont l’Ardon baigne le pied, elle domine d’une centaine de mètres une plaine vaste et fertile ; ses caves généralement construites à deux étages, présentent un singulier phénomène : elles ont, même dans les chaleurs de l’été, une température beaucoup plus basse, non seulement que l’air extérieur, mais que celle des caves de l’Observatoire de Paris.

Les principaux monuments sont : la cathédrale, qui date du XIIe siècle, et qui fut construite avec le produit de quêtes faites dans toute le France et en Angleterre. Cet édifice est plus remarquable par ses vastes proportions que par le mérite de son architecture.

L’église Saint-Martin, également du XIIe siècle, moins la façade, qui date du XIVe siècle, renferme, à l’entrée de sa nef, le tombeau de Raoul II, sire de Coucy, tué à la bataille de Mansourah en 1250, en Égypte, aux côtés de saint Louis ; il est représenté couché dans son armure ; la chapelle des Templiers (XIVe siècle) possède aussi des pierres tombales ; le palais de justice (ancien palais épiscopal) est un monument du XIIIe siècle ; l’hôtel de préfecture occupe une partie des anciens bâtiments de l’abbaye de Notre-Dame ; l’hôtel-Dieu est installé dans les dépendances de l’abbaye Saint-Martin. Citons encore l’hôpital général, l’hôtel de ville et la bibliothèque, où 15,000 volumes témoignent encore des richesses scientifiques et littéraires que Laon possédait autrefois ; le musée d’art et d’antiquités ; les restes d’anciennes fortifications gallo-romaines, etc. Sur la place publique, on a élevé une statue au maréchal Sérurier.

Cette ville est la patrie de Bertrade, mère de Charlemagne ; du roi Lothaire, de saint Remi, de l’astronome Méchain, de J. Bodin, le célèbre publiciste ; de Niel, qui, d’accord avec son parent l’abbé de La Salle, fut le fondateur de l’ordre des Frères de la doctrine chrétienne ; des trois peintres Louis, Antoine et Matthieu Lenain ; du constituant Devisme, du poète Beffroy de Regny, dit le cousin Jacques ; du maréchal Sérurier et de plusieurs lieutenants généraux.

Les armes de Laon sont : d’argent, à trois merlettes de gueules, au chef d’azur chargé de trois fleurs de lis d’or.



Anizy-le-Château. — Anizy-le-Château (Anisiacum), station de la ligne de Soissons à Laon, à 15 kilomètres sud-ouest de Laon, chef-lieu de canton peuplé de 1,127 habitants.

Ce bourg, très ancien, avait déjà une certaine importance lors de l’établissement de la monarchie franque, puisque, en 496, il était donné par Clovis à saint Remi en récompense de l’instruction religieuse qu’il en avait reçue. En 500, le bienheureux évêque en dotait le siège épiscopal de Laon, dont les prélats ajoutèrent à leurs titres celui de comte d’Anizy. Les habitants d’Anizy obtinrent, en 1174, avec ceux des villages voisins, une charte communale du roi Louis VII. Roger de Rozoy, évêque de Laon, voulut la leur ravir (c’était la charte du Laonnais, qu’il ne faut pas confondre avec celle de Laon) ; de part et d’autre on courut aux armes ; un combat eut lieu en 1177, près du moulin de Composte, sur les bords de l’Aillette. Les hommes de la nouvelle commune furent défaits, et le roi Louis VII intervint en leur faveur. Sous le règne suivant, l’évêque de Laon, Itier de Mauny, leur offrit, en 1259, les libertés qu’ils réclamaient, et la charte de la commune d’Anizy fut, la même année, confirmée par le doyen et le chapitre de Laon. Jusqu’aux guerres de la Ligue, ce fief continua à faire partie des domaines des évêques seigneurs de Laon ; c’était souvent leur résidence d’été ; il fut ravagé, en 1424, par les Bourguignons. En 1540, le cardinal de Bourbon y faisait construire un magnifique château à côté de l’ancien et y recevait François Ier, pendant le séjour de ce prince à Folembray. Une chambre a gardé le nom de l’hôte royal. L’influence du cardinal échoua plus tard contre la fidélité des habitants qui restèrent attachés à la cause royale, et, tandis que Laon était au pouvoir des ligueurs, Anizy et sa forteresse tinrent pour le parti royaliste. En 1814, cette petite place protégea la retraite de l’armée française, dans la nuit du 10 au 11 mars, après le malheureux combat de Laon.

L’église d’Anizy date du XIIe siècle.

Deux petites rivières, l’Ardon et la Lette ou Aillette, arrosent le canton d’Anizy, dont les productions consistent en céréales et vins ; le sol est accidenté, et ses collines sont agréablement boisées ; le château de Pinon, situé à une petite distance, est une des plus riantes et des plus gracieuses habitations du département.



La Fère. — La Fère (Fara), station de la ligne