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LA FRANCE ILLUSTRÉE

monticules des formations argileuses, siliceuses et calcaires recouvertes d’une couche de terre végétale. Le sol des vallées est le résultat des alluvions.

Ce département ne renferme pas de mine métallique susceptible d’exploitation, quoique l’on rencontre dans l’arrondissement de Vervins quelques indices de minerai de fer ; mais il est très riche en pierre à bâtir, que l’on retrouve dans tous les arrondissements, ainsi que la pierre à chaux. On trouve encore des marbres de qualité inférieure, des grès, quelques couches d’ardoise trop inégales dans leur épaisseur pour fournir une exploitation bien régulière. On y exploite quelques tourbières. Le plâtre ne se rencontre que dans l’arrondissement de Château-Thierry ; mais l’argile à brique, à tuile, à potier se trouve en abondance dans tout le département, et avec la dernière on fabrique des creusets estimés. La tourbe existe dans les vallées de la haute Somme, de l’Omignon, de la Souche, de la Lette et de la Pêcherie ; mais ce qui caractérise la minéralogie de ce département, c’est une grande couche de lignite d’environ 72 kilomètres de longueur sur 28 à 32 de largeur moyenne, qui court du Catelet à Reims et depuis Hourblières jusqu’à Goulancourt. On utilise cette substance minérale pour l’amendement des terres, et le chimiste en extrait l’alun et la couperose.

Le département de l’Aisne est essentiellement agricole, et l’agriculture y a fait de grands progrès depuis plusieurs années. Les terres labourables forment plus des deux tiers de la contenance productive du département ; aussi fournit-il des céréales au delà de ses besoins, plus de 800,000 hectolitres ; celles que l’on y cultive sont : le froment, l’épeautre, le seigle, le sarrasin, l’orge d’été, l’escourgeon et l’avoine. Les légumes y sont excellents et abondants ; on connaît la réputation des artichauts de Laon et de Chauny, celle des haricots de Soissons et de Braisne. Le chanvre est cultivé dans tout le département. Le lin, l’une des principales richesses agricoles du département, dans les arrondissements de Saint-Quentin et de Vervins. L’osier est l’objet d’une exploitation entendue. Les prairies naturelles qui accompagnent les rivières, les prairies artificielles, dont le nombre s’accroît chaque jour, donnent des fourrages de bonne qualité. Dans les arrondissements les plus méridionaux, on cultive la vigne, mais ses produits sont d’une médiocre qualité ; le vin le plus estimé est celui de Craonne et des environs de Château-Thierry ; viennent ensuite ceux d’Arancy, de Craonnelle, Vassogne, Charly et de Laon (cuve Saint-Vincent) ; en 1874, la production de la vigne a été de 55,654 hectolitres, valant 2,003,544 francs ; en 1875, de 129,830 hectolitres ; en 1877, de 90,383. Les arbres à cidre et le houblon, qui sert à la fabrication de la bière, sont très multipliés. Le cinquième de la superficie du département est couvert de forêts ; les principales sont celles du Nouvion, du Regnaval, d’Audigny, d’Aubenton, de Villequier, de Villers-Cotterets ou de Retz, de Saint-Michel, de Saint-Gobain, de Coucy, de Fère, de Samoussy etc. etc. ; les essences principales sont : le chêne, le charme, le hêtre, le bouleau et le tremble.

Les animaux domestiques sont les mêmes que ceux des départements voisins. On y élève des moutons anglais à longue laine et des chèvres dites du Thibet. Les forêts abritent le cerf, le daim, le sanglier, le loup, le renard, la fouine, le chat sauvage et le putois ; le gibier à poil et à plume abonde ; les oiseaux aquatiques peuplent les étangs et quelques petites rivières, dont les bords servent de retraite à la loutre. Dans les hivers rigoureux, il n’est pas rare de voir des cygnes, des outardes et des aigles noirs. Dans les vallées de l’Oise et de la Serre, on élève de bons chevaux. Dans les basses-cours, on élève en grand la volaille et surtout les dindons et les oies. Les rivières sont très poissonneuses ; on y pêche, outre d’autres sortes de poissons, des esturgeons, des aloses et des truites ; l’écrevisse est commune et d’une grosseur remarquable ; la sangsue abonde dans les étangs ; enfin, la couleuvre d’eau, la couleuvre jaune et verte et l’orvet sont les seuls reptiles. L’éducation des abeilles a fait de grands progrès dans ce département, où elle laissait autrefois beaucoup à désirer.



Industrie agricole, manufacturière et commerciale. — Le département de l’Aisne est un pays à la fois agricole et manufacturier ; la culture des céréales et des plantes oléagineuses y est très importante, puisqu’elle occupe plus des deux tiers du sol productif. Le cheval est employé pour le trait de la charrue ; les prairies artificielles y ont fait accroître le nombre des troupeaux. Nous avons parlé du parti que l’industrie agricole tirait des plantes légumineuses ; le haricot, dans les plaines du Soissonnais, l’artichaut dans celles du Laonnais, sont l’objet d’une culture très perfectionnée. La superficie du département se partage