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LA FRANCE ILLUSTRÉE

domine les habitations à l’est ; elles sont baignées à l’ouest par les eaux du lac qui porte le même nom que la ville. Son seul monument est l’église paroissiale, celle de son ancienne abbaye, d’un beau style lombard ; le portail, quoique horriblement mutilé, offre encore des débris curieux ; c’est le Bas-Empire dans toute sa naïveté ; le fronton circulaire était décoré de sujets tirés de l’Apocalypse comme dans la plupart des temples de l’école byzantine.

Le commerce et l’industrie ont pris de notables développements à Nantua. On y voit des fabriques de mousseline, toiles de coton et de fil, tissus cachemire, couvertures, tapis grossiers, peignes de corne, et surtout souliers de montagnards ; il y a aussi de belles papeteries, clouteries, scieries hydrauliques et des filatures de coton, laine peignée ; enfin d’importantes fabriques de soieries.

Les poissons et surtout les truites renommées du lac, les fromages de la montagne sont l’objet d’un commerce assez important, auquel il faut ajouter encore un échange assez actif de céréales et de vins entre la France et la Suisse.

Nantua est la patrie du docteur Jacques Maissiat, ancien représentant à l’Assemblée nationale de 1848, et auteur d’ouvrages sur le passage de César et d’Annibal à travers la Gaule.

Les armes de Nantua sont : un lac de sinople, à une truite d’argent, au chef d’azur chargé d’une fleur de lis d’or. On les trouve encore : d’or, à une truite de sable posée en fasce, et trois bucelles ondées en pointe, au chef de gueules, à la croix alaisée d’argent.



Oyonnax. — Oyonnax est un chef-lieu de canton de 2,530 habitants, situé à 17 kilomètres au nord de Nantua, sur le petit ruisseau de l’Ange. « Heureux les peuples qui n’ont pas d’histoire, » a dit un philosophe ; c’est le cas des habitants d’Oyonnax ; cependant on y a découvert plusieurs antiquités gallo-romaines. Elle se contente aujourd’hui d’être une des villes les plus industrieuses et les plus commerçantes du département. On y fabrique des peignes, de la tabletterie ; on y tourne des objets en corne et en buis ; elle possède des fabriques de soieries, de draps, et ses scieries hydrauliques y débitent en planches les magnifiques sapins de ses forêts. Dans ses environs on exploite aussi des tourbières. Elle fait un certain commerce de bois de construction et pour la marine, d’articles dits de Saint-Claude et de Saint-Crépin ; ses foires d’août et de septembre sont très fréquentées.

Oyonnax est en correspondance avec La Cluze-Nantua, station de la ligne de Lyon à Genève.



Bellegarde. — Bellegarde ou plutôt Pont-de-Bellegarde est une petite commune de 1,054 habitants, du canton de Châtillon-de-Michaille, située à 26 kilomètres à l’est de Nantua, sur la rive droite du Rhône, au confluent de ce fleuve avec la Valserine. C’est à 1 kilomètre au-dessus de Bellegarde que se trouve la perte du Rhône, causée par l’érosion des eaux sur les roches calcaires, dont les bancs horizontaux s’étendent en travers du lit du fleuve par-dessus les argiles ; un petit pont de bois, le pont de Lucey, est jeté au-dessus de la perte. Cette perte, dit M. de Saussure, n’est pas également admirable dans toutes les saisons, et c’est quand les eaux sont basses ou moyennes que l’effet se produit le mieux ; d’ailleurs, des travaux et des accidents récents en ont considérablement diminué l’aspect curieux.

Les environs de Bellegarde sont très intéressants à visiter ; outre la chute du Rhône, on peut voir la chute de la Valserine, le tunnel du Credo, le fort de l’Écluse, etc., etc.



Izernore. — Izernore, petit chef-lieu de canton de 1,064 habitants, à 11 kilomètres au nord de Nantua, est l’ancienne Isernodurum qui, avant l’invasion romaine, était déjà une ville considérable de la Gaule. Elle s’élevait dans la plaine, à côté du bourg actuel, et elle était entourée de murs dont on distingue encore les fossés. Cette plaine est couverte de cailloux et de petits tertres. En quelque endroit que l’on fouille la terre, au-dessous de ce que le soc de la charrue peut retourner, on trouve des ruines, des emplacements de maisons dans lesquels on reconnaît jusqu’à la distribution des appartements. À quelque distance du bourg et à l’est de l’ancienne ville, on admire encore les restes d’un temple, mais rien n’indique à quelle divinité il a été élevé.

Izernore paraît avoir été sous les Romains et sous la première race une place importante. On connaît, en effet, des sous d’or mérovingiens frappés dans cette ville. Les ruines d’Izernore sont classées parmi les monuments historiques. Il y a quelques années qu’un enfant du pays, le docteur Jacques Maissiat, de Nantua, alors qu’on agitait la