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LA FRANCE ILLUSTRÉE

ron, du haut desquelles on a une vue étendue sur tout le bas Bugey.



Ambronay. — Ambronay (Ambroniacum) à 48 kilomètres nord-ouest de Belley, canton d’Ambérieu, près d’une station du chemin de fer de Bourg à Genève, est un bourg de 1,506 âmes, qui possédait autrefois une célèbre abbaye de bénédictins fondée en 800 par Bernard, archevêque de Vienne, et dont l’église, devenue paroissiale, appartient au style ogival et mérite d’être visitée. Aujourd’hui Ambronay doit sa principale illustration aux précieuses découvertes faites dans sa plaine, où l’on a retrouvé les vestiges d’un camp romain. La disposition des lieux, qui répond exactement aux descriptions des historiens, prouve bien évidemment que ce camp était celui occupé par Galba, lieutenant de César, lorsque les Helvètes voulurent s’ouvrir un passage dans le pays des Nantuates ; la présence de médailles frappées à l’effigie de presque tous les empereurs démontre aussi incontestablement que les Romains, appréciant l’importance de cette position, y tinrent constamment des légions en station depuis la défaite de Varus jusqu’à la chute de l’empire. Mais une tradition populaire plus difficile à expliquer, et qui doit cependant reposer sur quelque fait, s’obstine à désigner ce même emplacement sous le nom de Motte des Sarrasins, comme en souvenir d’un épisode qui aurait signalé le passage de ces barbares dans le pays.

La science n’a pu donner encore aucune base positive aux incertitudes de cette légende.



Saint-Rambert. — Saint-Rambert-de-Joux, station de la ligne de Mâcon à Genève, à 33 kilomètres nord-ouest de Belley, chef-lieu de canton peuplé de 2,620 habitants, est une petite ville fort ancienne dont l’origine remonte au Ve siècle. À cette époque, un riche Romain, nouvellement converti au christianisme et nommé Domitien, voulant embrasser un genre de vie plus austère que celui pratiqué dans le monastère de Lérins, où il s’était d’abord retiré, vint s’établir dans ce lieu ; il y mourut avec une grande réputation de sainteté, et les miracles qu’y opéraient ses reliques déterminèrent l’établissement d’un monastère. En 680, un seigneur du nom de Rambert, et que l’on prétend avoir été du sang de Clovis, vint chercher dans ce couvent un refuge contre les persécutions d’Ébroïn, maire du palais, qui l’y fit assassiner. Les miracles qu’opéra ce nouveau saint firent oublier le premier, et le monastère prit son nom. La ville qui ne tarda pas à se grouper autour du couvent avait l’abbé commendataire pour seigneur. Un château, démoli par ordre de Henri IV, attestait la puissance de ce prélat. Ainsi que le monastère, le château a laissé quelques vestiges. Saint-Rambert, qui prenait le titre de seconde ville du Bugey et figurait immédiatement après Belley, fut au XVIIe siècle le siège d’un marquisat dépendant de la maison de Savoie.

La situation de Saint-Rambert dans un étroit vallon, resserrée entre deux hautes montagnes qui sont des embranchements du mont Jura, lui a valu autrefois le surnom de Joux. La petite rivière de l’Albarine qui la traversait dans toute sa longueur avait donné naissance à l’industrie du blanchissage des toiles, que le perfectionnement des procédés modernes n’a fait que développer. La culture du chanvre et du lin a pris de notables accroissements, et Saint-Rambert est devenu un centre important de fabrication de toiles communes et de linge de table. On y a joint la filature de la soie de fantaisie, duvet, cachemire et laine, qui occupe de nombreux ouvriers. Il y a, dans les environs, des forges et des fonderies de fer.

La nature géologique des gorges de Saint-Rambert offre au naturaliste de curieux et intéressants sujets d’étude.

Les armes de la ville sont : d’argent, à une corneille de sable, becquée et membrée de gueules.



Seyssel. — Seyssel (Sissum, Seysselium), chef-lieu de canton, à 29 kilomètres au nord-est de Belley, sur le Rhône, qui commence à y être navigable, est une des stations du chemin de fer de Lyon à Genève. Cette petite ville est partagée en deux par le Rhône, que l’on y traverse sur un pont suspendu ; la partie à droite du fleuve appartient au département de l’Ain et compte 1,150 habitants ; l’autre, située sur la rive gauche, appartient au département de la Haute-Savoie et compte 1,500 habitants.

On trouve à Seyssel une filature de coton, des scieries hydrauliques, des carrières de gypse, de pierre, et surtout, du côté de Pyrimont et jusqu’à Bellegarde, de riches gisements d’asphalte et de bitume, dont l’importante exploitation a contribué à répandre le bien-être dans le pays. On y construit aussi des bateaux.