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LA FRANCE ILLUSTRÉE

Les armes de Pont-de-Veyle sont : d’argent, à un pont de quatre arches de gueules, sur une rivière d’azur ; le pont sommé d’un mât de sable auquel est attachée une voile enflée d’azur, accompagnée d’une étoile de même, posée au second canton.



Corveissiat. — Corveissiat, à 28 kilomètres au nord-est de Bourg, canton de Treffort, est un village de 504 habitants qui doit son illustration au voisinage d’une des plus belles grottes de tout le département. Ses abords, les bouillonnements de la rivière qui s’en échappe, et surtout les reflets pleins de fraîcheur et d’éclat de ses stalactites, colorées en lilas et en gris de lin, forment un tableau des plus attrayants et des plus pittoresques, que chaque année de nombreux voyageurs vont admirer.



Belley (lat. 45° 45’ 28" ; long. 3° 21’ 9" E. ). — Belley (Bellica, Bellicium), à 75 kilomètres sud-est de Bourg, chef-lieu de sous-préfecture, peuplé de 4,970 habitants, siège d’un évêché avec petit séminaire, d’un tribunal de première instance, possédant une société d’agriculture et une petite bibliothèque, était autrefois la capitale du Bugey, chef-lieu d’élection, siège d’un bailliage, et dépendait de l’intendance et du parlement de Dijon, comme annexe de la Bourgogne.

Sans attribuer, comme le font certaines traditions naïves, la fondation de Belley à Créuse, fille de Priam et femme d’Énée ; sans accepter non plus tout ce qui a été avancé, sans preuves à l’appui, sur la prédilection de César pour cette ville et sur les longs séjours qu’il y fit, l’antiquité de Belley est inconteslable ; l’étymologie de son nom, la découverte de plusieurs sculptures anciennes, le maintien d’une louve dans ses armes permettent de supposer qu’elle était placée pendant la domination romaine sous la protection de Bellone, et qu’elle était assez importante pour renfermer plusieurs temples, un entre autres consacré à Cybèle, dont subsiste encore l’inscription dédicatoire : Matri Deum « À la mère des dieux. »

Ce qui est non moins authentique, c’est que cette ville, fortifiée par les Romains contre les Allobroges, fut ravagée, en 390, par Alaric et rebâtie par Wibertus en 412. Le chiffre de sa population, ou la solidité des nouvelles murailles inspirait sans doute quelque sécurité, car au Ve siècle la ville de Nyon, dans le pays de Vaud, ayant été ruinée par les barbares, l’évêché dont elle était le siège fut transféré à Belley. Depuis Audax, le plus anciennement connu de ses évêques, jusqu’à saint Anthelme, nommé en 1163, la capitale du Bugey, administrée par une longue suite de prélats, suivit le sort du reste de la province. La piété exemplaire et les vertus du saint évêque que nous venons de citer lui avaient conquis les sympathies et la vénération de Frédéric Barberousse. Cet empereur, par un diplôme conservé à Belley, conféra à saint Anthelme et à ses successeurs le titre de princes du saint-empire ; il leur abandonna la seigneurie de la ville avec les droits régaliens les plus entiers et les plus absolus, y compris celui de battre monnaie. Les prodiges qui s’accomplirent à la mort du prélat et autour de son tombeau augmentèrent encore le prestige attaché au siège de Belley. Guillaume de Nangis rapporte dans sa chronique qu’au moment où l’on enterrait Anthelme, il tomba du ciel un feu qui alluma les lampes de l’église placées devant le cercueil, à l’exception d’une seule, entretenue par un certain usurier de la ville, et qui ne put s’enflammer. Les princes de Savoie, qui fournirent au siège de Belley plusieurs membres de leur famille, respectèrent toujours les privilèges concédés par Frédéric, mais ne purent excepter la ville de la cession de territoire faite à la France en 1601. Henri IV et ses successeurs assujettirent le siège de Belley aux usages généraux qui réglaient les rapports de la couronne avec l’épiscopat français ; on a remarqué que de leur côté, comme protestation, les papes évitèrent longtemps de mentionner l’intervention royale dans les nominations qu’ils furent appelés à ratifier pour l’évêché de Belley. Le premier prélat appelé à ce siège par les princes français fut Pierre Le Camus, l’ami de saint François de Sales, nommé par Henri IV en 1609. Célèbre par la singularité et la multiplicité de ses ouvrages, mais d’un zèle souvent trop ardent, il se démit de sa dignité en 1624 et eut pour successeur Jean de Passalaigue, bénédictin riche en bénéfices, qui consacra une partie de ses revenus à restaurer la cathédrale et le palais épiscopal ; c’est dans le cours de ces travaux, en rebâtissant la tour du clocher, qu’on retrouva le corps de saint Anthelme ; il était dans un état parfait de conservation ; on le plaça dans une riche châsse, ou il est resté exposé à la vénération des fidèles.

En 1385, un incendie, dont on ne connut pas la cause, avait détruit une partie de la ville ; elle dut,