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LA FRANCE ILLUSTRÉE

dans le chœur que tout le luxe architectural s’est déployé. La blancheur éclatante de la pierre et du marbre de Carrare employés dans la construction, les reflets de la lumière qui ne pénètre qu’à travers des vitraux d’un coloris aussi vif qu’harmonieux, tout donne au sanctuaire un aspect de magnificence et de richesse qui rappelle les splendeurs de l’école byzantine et la pompeuse ornementation des temples de Venise. C’est dans cette partie de l’édifice que se trouvent les trois mausolées en marbre blanc qui ont tant contribué à la renommée de l’église de Brou. À droite est celui de Marguerite de Bourbon, qui fit vœu de fonder le monastère ; vis-à-vis est celui de Marguerite d’Autriche, sa belle-fille, dont nous avons dit le zèle pieux. La devise de cette princesse, fille de l’empereur Maximilien Ier, tante de Charles-Quint, et qui, selon la chronique, après avoir eu deux maris, mourut vierge, était formée de ces mots répétés de toutes parts dans l’église : « Fortune, infortune, fort une. » Au milieu est le plus beau des trois monuments, celui de Philibert le Beau, fils de la première et mari de la seconde Marguerite. Le prince est représenté mort au-dessus du mausolée, et mourant au-dessous ; l’une et l’autre figure offrent le même fini et la même vérité ; près des tombeaux est la statue en marbre de Colomban, qui semble veiller encore à la conservation de sa merveilleuse église. Il reste à admirer les boiseries du chœur, la sculpture gothique d’un élégant jubé, une chapelle du même style, revêtue de marbre et décorée d’une ornementation aussi riche de détails qu’admirable de finesse et de perfection. Sur l’autel est un immense tabernacle construit d’une espèce d’albâtre et tout couvert de sculptures délicieuses, dont les sujets sont empruntés aux mystères des livres saints. Devant le portail, en avant de la porte d’entrée, on voit un cadran elliptique fort curieux comme indice de l’état des sciences exactes au XVIe siècle ; il a été reconstruit, en 1757, par Lalande et à ses frais.

Le seul reproche que la critique puisse adresser à l’église de Brou est un mélange de la forme italienne avec les procédés d’exécution allemands ; mais, puisque l’harmonie générale n’en est pas atteinte, ne convient-il pas plutôt de faire un mérite à l’architecte de cette originalité et d’y voir une preuve de plus de l’indépendance et de la puissance de son génie ?

L’église de Brou, aujourd’hui monument historique, est placée dans un site fort agréable, presque à l’extrémité d’un faubourg de Bourg, sur la route d’Italie, et près d’une vaste forêt ; elle a été très habilement restaurée par M. Dupasquier, de Lyon.



Pont-d’Ain. — Pont-d’Ain, station de la ligne de Lyon à Besançon, à 20 kilomètres sud-est de Bourg, chef-lieu de canton peuplé de 1,551 habitants, est une petite ville bâtie sur la rive droite de l’Ain, au pied d’une montagne, couronnée par les ruines d’un ancien château, construit par les ducs de Savoie. Les agréments de la position, la salubrité de l’air faisaient adopter cette résidence par les duchesses de Savoie pour la durée de leurs couches. Philippe le Beau y naquit, ainsi que sa sœur Louise de Savoie, mère de François Ier. Le dernier duc, possesseur de la Bresse, donna cette petite ville à des seigneurs de Laric, de Franche-Comté, sous la domination des rois de France ; elle fut achetée par le connétable de Lesdiguières et jointe à la belle terre de Tréfort, érigée pour lui en marquisat. Le connétable fit restaurer magnifiquement le château, qui resta dans sa famille jusqu’à la duchesse de Créqui, de laquelle il fut acheté par un riche Lyonnais.

Plusieurs routes qui se croisent à Pont-d’Ain lui donnent quelque animation ; il ne reste rien de l’ancien pont qui lui a donné son nom ; il a été remplacé par un pont suspendu de deux travées sur l’Ain. L’industrie des habitants consiste principalement dans la construction de bateaux pour Lyon et le Rhône.

Les armes de Pont-d’Ain sont : de gueules, à la croix d’argent.



Pont-de-Vaux. — Pont-de-Vaux, à 40 kilomètres nord-ouest de Bourg, chef-lieu de canton peuplé de 3,011 habitants, sur la rive droite de la Reyssouse et près de la rive gauche de la Saône, avec laquelle il communique par un canal d’environ 4 kilomètres d’étendue, est une petite ville située dans la région la plus fertile du département, régulièrement bâtie, et qui, par ses richesses et par son industrie agricole, a transformé, sans l’amoindrir, l’importance dont elle jouissait autrefois ; sa paroisse avait le titre de collégiale ; elle possédait un couvent de cordeliers et un d’ursulines, un hôpital, un petit collège et un corps municipal, dont le chef avait son entrée aux états de Bresse.