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LA FRANCE ILLUSTRÉE

vallées longitudinales ; celles-ci sont désignées sous le nom de val, lorsqu’elles sont calcaires, et de combe lorsqu’elles sont argileuses.

Plusieurs localités du département offrent des traces de mines de fer ; celle de Villebois-sous-Belley est la seule exploitée ; on a aussi trouvé des indices de mines de cuivre, et le Rhône roule sur ses rives des sables aurifères. On rencontre encore des ocres et du bleu de Prusse naturel. Mais la véritable richesse minérale du département consiste dans ses carrières de marbre, de pierre de taille (à Ramasse), de gypse, de marne, d’argile à potier qui sont nombreuses. Les pierres lithographiques des arrondissements de Belley et de Nantua sont les meilleures de France et peuvent rivaliser avec celles de l’Allemagne. Les nombreuses grottes du département renferment des spaths transparents et de grandes masses de stalactites merveilleusement arborisées ; tels sont, par exemple, ceux de la grotte de Corveissiat. On trouve dans quelques localités de l’arrondissement de Trévoux des tourbières. Enfin, entre Châtillon-de-Michaille, Seyssel et Fort-l’Écluse, on rencontre un vaste bassin composé de couches bitumineuses ; elles reposent sur un lit calcaire, formant sur les bords escarpés du Rhône des bancs épais que séparent des couches d’argile ; ces bancs viennent même parfois affleurer le sol. Les principales exploitations d’asphalte sont près de Seyssel, à Pyrimont.

Bien qu’il existe des sources minérales nombreuses dans l’Ain, on n’y trouve aucun établissement d’exploitation. Les principales sources minérales sont à Ceyzeriat, Pont-de-Vaux, Saint-Jean-de-Reyssouse, Saint-Jean-sur-Veyle, Servignat, Biziat, Polliac, Seyssel et Thouy, près de Belley.

Les végétaux de toute espèce abondent dans le département de l’Ain ; sa flore des marais est la plus riche de toute la France. Les récoltes en céréales suffisent au delà des besoins de la consommation locale ; les vignes sont productives et généralement bien entretenues. Le chanvre et le lin sont cultivés avec succès dans plusieurs arrondissements, et celui de Belley produit des truffes noires assez estimées ; de plus, on y cultive le mûrier. Les jardins abondent en légumes de toute espèce, qui approvisionnent la ville de Lyon. Les prairies fournissent d’excellents fourrages, qui sont un des articles les plus importants de l’exportation. Les châtaigniers sont nombreux et offrent une ressource aux cantons les plus pauvres. Les essences principales des forêts sont le sapin, le châtaignier, le hêtre, le chêne et le bouleau.

Ce département nourrit toutes nos espèces d’animaux domestiques ; les volailles si renommées de la Bresse et les porcs gras sont l’objet d’une exportation considérable ; les bêtes à cornes y sont d’une belle race, grâce à l’excellence des pâturages ; les moutons mérinos et indigènes y sont l’objet de soins entendus. La race des chevaux, qui autrefois était estimée, semble peut-être dégénérée, mais les mulets sont nombreux et de belle espèce. Depuis plusieurs années les abeilles y sont élevées avec assez de soin, mais les ruches ne sont pas aussi multipliées qu’elles pourraient l’être. Il y a aussi beaucoup d’animaux nuisibles ou sauvages, entre autres l’ours, le loup, le renard et le chat sauvage ; quelques sangliers, point de cerfs, et généralement peu de gibier à poil, mais quantité de gibier à plume. On aperçoit des canards sauvages, des oies, des cygnes, des grues, des hérons, des cigognes, des cormorans, des butors. Les rivières sont poissonneuses, et l’on trouve surtout dans l’Ain et ses affluents des truites saumonées fort recherchées. La pêche des étangs est très productive. Les ruisseaux abondent en écrevisses. Parmi les amphibies, les salamandres aquatiques sont très communes. La couleuvre et la vipère du midi se rencontrent fréquemment. Quant aux cousins, ils sont naturellement très multipliés dans les régions humides et marécageuses de l’arrondissement de Trévoux.



Industrie agricole, manufacturière et commerciale. — Le département de l’Ain est surtout un département agricole ; l’agriculture y est variée et bien entendue ; la culture se fait avec des bœufs ou avec des mulets, et, ainsi que nous l’avons déjà dit, les récoltes en céréales suffisent au delà des besoins de la consommation locale. Il exporte les trois cinquièmes de ses produits en vins, évalués à plus de 500,000 hectolitres. Ceux de Seyssel, de Machurat, de Groslée, bons vins d’ordinaire, sont les plus estimés. En 1871, la récolte des vins était de 646,705 hectolitres, estimés à 15,287,748 francs ; en 1874, de 545,991 hectolitres, valant 15,287,748 francs ; en 1875, on récoltait 773,183 hectolitres, et en 1877, une quantité de 655,521 hectolitres. La culture du chanvre et du lin y donne des résultats avantageux, et déjà, depuis une trentaine d’années, il a trouvé dans l’élève des vers à soie et dans la plantation des mû-