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V
LA FRANCE ILLUSTRÉE

l’Adour, la côte est droite, se dirige du nord au sud en inclinant un peu vers l’ouest ; elle est couverte de dunes, d’étangs et de landes sablonneuses, dont les vents qui s’élèvent de l’Océan bouleversent fréquemment les masses entières. Le bassin d’Arcachon, à l’entrée duquel est l’ile de Maloe, est le seul golfe que l’on ait à signaler sur cette partie de notre littoral. Entre l’Adour et la Bidassoa, le rivage est rocheux et élevé ; il offre pour abri Bayonne et Saint-Jean-Pied-de-Port, entre lesquels on aperçoit la belle plage de Biarritz.

Le littoral de la France sur la Méditerranée se divise en deux parties, tracées par deux courbes : l’une rentrante, entre le cap Creus, à l’extrémité des Pyrénées et le delta du Rhône ; l’autre saillante, depuis le Rhône jusqu’au Var. La première partie, baignée par le golfe du Lion, mer dangereuse, est basse, sablonneuse et bordée de lagunes ou étangs ; la seconde, au contraire, est baignée par une mer profonde, découpée, rocheuse et parsemée d’îlots. Les côtes du golfe du Lion sont peu abordables à cause de la violence des vents du nord et à cause aussi des hauts-fonds formés par les alluvions des rivières qui s’y jettent : elles offrent successivement, à partir du cap Cerbère et du cap Creus, d’abord, une côte rocheuse jusqu’à l’embouchure du Tech ; puis une côte sablonneuse, dans laquelle la mer pénètre par des passages appelés grau, pour former des lagunes qui se confondent souvent avec les embouchures des fleuves. On remarque ainsi, en suivant la côte jusqu’au Rhône, l’étang de Saint-Nazaire, l’embouchure de la Têt, du Gly, l’étang de Leucate, le grau de la Frangin et l’étang de la Palme, le grau de Sigean, le grau de Vielle-Nouvelle, l’étang de Gruissan, le grau de la Grazelle, le grau et l’étang de Vendres, l’embouchure de l’Aude, et l’embouchure de l’Hérault, les étangs de Thau, de Maguelonne, de Pérols, d’Aiguesmortes et le grau d’Aiguesmortes, qui forme avec le canal de Silvéréal et le Rhône-Mort la grande île du Peccais. Passons devant les embouchures du Rhône, qui sont ensablées, dangereuses et qui n’offrent pour refuge que le port des Martigues ; nous rencontrons les golfes de Sainte-Marie et de Foz, sur la côte de la grande île de la Camargue, que forment le Petit-Rhône et le Grand-Rhône : elle est découpée par un grand nombre d’étangs. Au cap Couronne commence la côte escarpée et rocheuse ; la mer est plus libre, plus profonde ; elle offre plus d’abris par les rades et les ports qui s’y trouvent. On rencontre successivement le golfe et la rade de Marseille avec les îles d’If, de Pomègue, du Planier et de Ratonneau, le cap Croisette, l’île de Riou, le bec de l’Aigle et la rade de La Ciotat, la rade de Bruze, le cap Sicié, la presqu’île et le cap Cepet, les deux rades et le port de Toulon, la presqu’île de Giens, qui forme avec l’archipel des îles d’Hyères (îles du Levant, Porquerolles, Portcros et Titan) une magnifique rade ; le golfe de Saint-Tropez ou Grimaud contient le port de ce nom, qui est une excellente position maritime et militaire ; les caps Lardier et Camarat le séparent de la rade d’Hyères ; c’est sur ce golfe, à La Garde-Frainet ou Fraxinet (Fraxinetum), que les Sarrasins avaient établi leurs repaires au moyen âge. L’Argens entasse aujourd’hui ses sables au fond du golfe de Fréjus ; la petite crique de Saint-Raphaël reçut Napoléon à son retour d’Égypte, tandis que le golfe de Jouan, qui vient après celui de la Napoule, le vit débarquer près de Cannes à son retour de l’ile d’Elbe.

Les îles Lérins (Sainte-Marguerite et Saint-Honorat), qui protègent le golfe de Jouan des vents du en font une bonne position maritime ; enfin, lorsque l’on a doublé le cap de la Garoupe, on entre dans la baie d’Antibes et l’on rencontre l’embouchure ensablée du Var. Au delà, dans le département des Alpes-Maritimes, la côte se relève, devient rocheuse et granitique. Elle est très découpée et présente successivement : les rades de Nice et de Villefranche, la presqu’île de Villefranche, le rocher de Monaco, la baie de la Turbie, le cap Saint-Martin, la belle plage et le petit port de Menton, à 2 kilomètres duquel commence la frontière italienne.

Les côtes de la Corse offrent un développement de 480 kilomètres. La côte occidentale, presque partout rocheuse, est élevée, très sinueuse, formant plusieurs golfes remarquables : ceux de Saint-Florent, de Calvi, de Porto, de Sagone, d’Ajaccio, de Valinco, de Ventilegno, et d’excellentes rades ; ses caps principaux sont : le cap Corse, le cap Rivellato, le cap Feno, le cap Muro et le cap de Bonifacio. La côte orientale, basse dans sa partie centrale, et offrant des lagunes semblables à celles du golfe du Lion, forme au sud le petit port de Porto-Vecchio, l’une des meilleures rades de la Méditerranée.

Parmi les saillies de la côte de cette grande île, la plus remarquable est la presqu’île par laquelle elle se termine au nord et dont l’extrémité est marquée par le cap Corse.