Page:Malte-Brun - la France illustrée tome I.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
IV
LA FRANCE ILLUSTRÉE

comblée par les sables, et la pointe du cap de La Hève, la côte court de l’est-nord-est à l’ouest-sud-ouest ; elle est composée de falaises escarpées dont quelques-unes ont jusqu’à 255 mètres d’élévation ; la craie et le silex dominent dans leur formation ; à peine livrent-elles par de profondes déchirures passage aux petites rivières de la Bresle, de l’Arques et de la Saâne. Au cap de La Hève commence le vaste estuaire de la Seine, dont la navigation est rendue dangereuse par la mobilité des bancs de sable. Après l’embouchure de ce grand fleuve, la côte se dirige de l’est à l’ouest. Jusqu’à l’embouchure de la Vire, elle offre des falaises à pic ; de l’embouchure de la Seine à celle de la Dive, des dunes jusqu’à l’embouchure de la Seulle, puis les falaises reparaissent de nouveau. La mer les ronge insensiblement et menace de les entraîner dans ses eaux, comme elle paraît y avoir englouti déjà les rochers formant dans toute la longueur de cette partie de la côte un banc désigné sous le nom de rochers du Calvados, qui se termine par un massif appelé la Roche de Maisy. Après l’embouchure de la Vire, la côte remonte du sud au nord pour former la presqu’île du Cotentin, terminée au nord-est par la pointe de Barfleur ou de Gatteville, et, au nord-ouest, par le cap de La Hague ou d’Auderville, elle offre des dunes, parmi lesquelles on rencontre des rochers et quelques falaises isolées. Vis-à-vis de La Hougue, sur la côte orientale de la presqu’île, on trouve le petit groupe des îles Saint-Marcouf et Tatihou, vis-à-vis de Saint-Wast ; sur la côte septentrionale, l’île Pelée, vis-à-vis de Cherbourg ; et sur la côte occidentale, les îles anglo-normandes d’Aurigny (Alderney pour les Anglais), de Guernesey, de Cers et de Jersey, le petit groupe des Minquiers, le groupe des Chausey, vis-à-vis de Granville, et, au fond de la baie de Cancale, les rochers de Saint-Michel et de Tombelaine. À partir de la baie de Cancale, la côte suit une direction générale de l’est à l’ouest. Jusqu’à la pointe du cap Saint-Matthieu, elle est rocheuse et n’offre d’autres déchirures importantes que la baie de Saint-Brieuc et celle de Lannion ; les embouchures du Couesnon, de la Rance, de l’Arguenon, du Gouët, du Trieux, du Jaudy, du Guer et de plusieurs petites rivières, y forment aussi de petites baies. L’île Bréhat en face de Paimpol, les sept îles en face de Lannion, l’île de Bas près de Roscoff, enfin les îles d’Ouessant (Ouessant, Molène, Beniguet, etc., etc.), près de la pointe du cap Saint-Matthieu, dépendent de cette partie de la côte ; la mer y est très dangereuse, et elle offre peu d’abris.

Lorsque l’on a doublé la pointe Saint-Matthieu, on quitte la Manche pour entrer dans l’Océan ; la côte de la grande presqu’île armoricaine est jusqu’à la pointe du Croisic rocheuse, très découpée et parsemée d’îles. La mer y est profonde et embarrassée d’écueils ; mais elle offre de nombreux abris aux navires. Elle présente successivement la rade de Brest ; la baie de Châteaulin, qui reçoit l’Aulne ; la presqu’île de Quelern, que termine le cap de la Chèvre ; la baie de Douarnenez, la pointe du Raz et l’île de Sein, la baie d’Audierne, la pointe de Penmarch. Entre Ouessant et Sein se trouve le passage de l’Iroise, redouté des matelots à cause de ses brisants. Depuis la pointe de Penmarch, la côte forme avec celle de l’Espagne, par des retraits successifs jusqu’à la pointe du Figuier, près de la Bidassoa, le golfe de Gascogne ; sa direction générale court de l’ouest à l’ouest 1/4 sud. Jusqu’à la pointe du Croisic, elle est rocheuse, très découpée, présentant successivement l’anse de Benaudet, à l’embouchure de l’Odet ; la baie de la Forêt, l’embouchure de l’Ellé ; la rade de Lorient, qui reçoit le Blavet et le Scorff ; la presqu’île et la baie de Quiberon, de si triste mémoire ; la petite mer du Morbihan, la presqu’île de Sarzeau, l’embouchure de la Vilaine et la pointe de Piriac. Elle est parsemée d’îles, parmi lesquelles nous citerons : les îles Glenan, l’île de Groix, Belle-Isle, Houat, Hoëdic, etc., etc. La mer intérieure du Morbihan est couverte par un archipel dans lequel on distingue l’île d’Arz et l’île aux Moines. Entre la pointe du Croisic et la pointe de la Coubre, la côte prend une direction générale vers le sud, inclinant quelquefois un peu vers l’est ; elle est généralement basse, sablonneuse, couverte de marécages et de marais salants. On y distingue : l’embouchure de la Loire, la pointe de Saint-Gildas, l’île de Noirmoutier, l’embouchure de la Sèvre niortaise et la pointe d’Aiguillon, la baie de Bourgneuf ; l’île d’Yeu, séparée du continent par le passage de Fromentine ; l’île de Ré, séparée du continent par le pertuis Breton ; l’île d’Aix, sa rade et l’embouchure de la Charente ; l’île d’Oleron, séparée de l’île de Ré par le pertuis d’Antioche et de la côte par le pertuis de Maumusson, et l’embouchure de la Gironde, comprise entre la pointe de la Coubre et la pointe de Grave.

Entre la pointe de Grave et l’embouchure de