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LA FRANCE ILLUSTRÉE

rang parmi les nations civilisées ; son pavillon flotte respecté sur toutes les mers ; ses marchandises ont accès sur tous les marchés ; moins aventureuse peut-être que l’Angleterre et la république américaine, elle procède avec plus de méthode et de certitude. Nous sommes souvent devancés par nos voisins dans l’application des procédés nouveaux, mais notre application en est généralement supérieure ; nos chemins de fer sont moins nombreux, mais ils sont mieux établis ; nos bateaux à vapeur sont venus les derniers, mais ils servent maintenant de modèles aux autres ; nos institutions de crédit, plus lentes à se former, ont profité de l’expérience des autres ; notre Banque a résisté à des crises que n’ont pu traverser ailleurs les établissements analogues. Nous n’avons point à parler ici de l’organisation actuelle du commerce, tout le monde la connaît dans son ensemble et dans ses rouages essentiels ; sa législation consulaire, les tribunaux et chambres de commerce, conseils supérieurs, conseils de prud’hommes, chambres consultatives, la division administrative en commerce général et commerce spécial, etc., doivent être seulement cités ici et indiqués comme objet d’études ultérieures à ceux qui voudront acquérir des notions plus complètes. Il ne nous reste plus, à nous, qu’à constater par des chiffres la situation actuelle.

Le commerce général de la France, moins le mouvement des métaux précieux, est aujourd’hui de plus de 9 milliards, dont plus de 4 milliards 500 millions à l’importation et près de 4 milliards à l’exportation. Le mouvement des métaux précieux, très variable d’une année à l’autre, dépasse généralement 1 milliard, dont 700 millions à l’importation. Le commerce spécial est de 7 milliards 500 millions, dont environ 4 milliards 500 millions pour les importations et 3 milliards pour les exportations. C’est particulièrement sur nos exportations par mer qu’a porté la décroissance de notre commerce avec l’étranger ; mais cette décroissance n’est, sans doute, que momentanée, et doit certainement être attribuée à l’état de guerre et l’affaiblissement de nos dernières récoltes.

La moyenne annuelle décennale des importations de la France de 1866 à 1875 est, d’après P.-F. Bainier, d’environ 3,301 millions de francs, et celle des exportations est de 3,282 millions au commerce spécial ; il est à craindre que pour la période suivante, de 1876 à 1885, les importations augmentent encore au détriment de notre commerce national.

En général, la France demande surtout des matières premières aux pays étrangers et leur donne en échange les produits de son sol et de ses manufactures.

« Dans leur commerce avec la France, les différentes parties du monde se classent ainsi : Europe, Amérique, Afrique, Océanie. Les opérations avec l’Europe comprennent environ les cinq septièmes du commerce total ; avec l’Amérique, le sixième. Le reste se partage entre l’Afrique et l’extrême Orient, dont le contingent se trouve diminué par ce fait, que ses marchandises arrivent en Europe par navires britanniques ou hollandais pour la plupart, ce qui les fait attribuer à la Grande-Bretagne ou aux Pays-Bas comme pays de provenance. Parmi les États européens, ce sont les plus voisins de la France qui font avec elle le plus d’affaires, tant à cause de leur industrie plus avancée que par les facilités mêmes qui dérivent du voisinage. C’est avec le nord de l’Europe que la France fait le plus de commerce.

L’Angleterre, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, la Suisse, l’Espagne occupent les premiers rangs, où s’entremêlent les États-Unis et le Brésil pour l’Amérique ; l’Algérie et l’Égypte pour l’Afrique ; les Indes anglaises, la Chine, le Japon pour l’Asie ; la Turquie et la Russie pour l’Europe orientale.

Le mouvement commercial de la France avec les différents pays du monde est deux fois plus important par terre que par mer. » (P.-F. Bainier. — La géographie appliquée à la marine, au commerce, à l’agriculture, à l’industrie et à la statistique. — La France.)

Les tableaux statistiques qui vont suivre compléteront ce coup d’œil d’ensemble sur la géographie, l’histoire, la littérature, l’industrie et le commerce de la France.