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une résistance locale, étaient renvoyi~es à Belfort, où elles arrivaient par charretées ; heureux encore quand elles n’étaient pas livrées par centaines à quelques cavaliers. Cette défaillance inconcevable enhardit tellement l’ennemi qu’il osa alors venir à Althirch, presque à mi-cheminde Mulhouse et de Belfort. Le généraJ Thorneton, qui occupait avec de la cavalerie et de l’infanterie les abords de Belfort jusqu’à Dannemarie, fit retraite de ses positions le 6 octobre, et peu s’en fallut que le grand viaduc du chemin de fer à Dannemarie ne fût prématurément détruit.

Mais les événements avaient pris une tournure de plus en plus grave ; l’ennemi avait grossi en nombredans le Haut-Rhin, réquisitionnant partout sans trouver la moindre résistance, même à 111u1house, où le conseil municipal avait redouté de laisser armer la nombreuse population ouvrière qui, sans cela, se fût défendue avec plus ou moins de succès, mais eût au moins arrêté quelque temps l’envahisseur, Enfin, devenu assez fort, l’ennemi entreprit le siège de Neuf-Brisach, puis celui de Selilestadt, qui, tous les deux, capitulèrent après de courtes et incomplètes résistances. A la suite de divers engagements, glorieux pour nos armes, dans la haute Alsace et à l’entrée de Saint-Amarin avec les francs-tireurs de AI. Keller, député du-Haut-Ptliin, mais dont les résultats furent insufFisants pour l’arrêter, l’ennemi attaqua, le 14 octobre, . la petite ville de Soultz, énergiquement défendue par les frands-tiretirs, avec le concours de la population. L’ennemi avait du canon et l’affaire fut chaude. Vers le soir, renonçant’à enfrer dans. Soultz avec les troupes dont il disposait, il appela à lui des renforts l’arrivée d’un détachcment français de 300 hommes dépendant de Dannemarie, avec une centaine de gardes nationaux de lllulhouse, le décida à une retraite immédiate. Cette affaire, où la victoire nous resta, fut le plus sérieux de tous les engagements de ce côté.

Vers la même époque (19 octobre), le général Crouzat fut appelé sous les ordres du général Cambriels, et le commandement de Belfort fut. donné au lieutenant-colonel du génie Denfert-Rochereau, qui fut en même temps nommé colonel. A l’article que nous consacrons plus loin à Belfort, nous rizcontons en détail les péripéties de ce siège, qui sliffirait à lui seul pour sauver l’honneur du pays, et qui eut pour résultat de conserver à la France mutilce cette position précieuse, cette gardienne de la T~~oacée des Trosges.

Les pertes épromées par le Territoire de Be1fort au cours de ce !te guerre douloureuse se sont élBvées au chifhe énorme de 6,010,778 fr. 48. Mais l’argent est peu de chose, en comparaison du démembrement de la patrie Ce démembrement a été consacré d’abord par le traité préliminaire conclu à Versiilles, puis par le traité définitif signé à rancfort.

Il y a deux parties à drstinguer dans le document historique qui enlevait à la France l’Alsace et une partie de la Lorraine le traité de préliminaires de paix et le traité définitif. Le premier.fut signé le 26 février 1871 et ratifié par l’Assemblée nationale le ler mai suivant. En voici la tencur


Entre le chef du pouvoir exécutif de la République, M. Thiers, et

Le ministre des affaires étrangères, M. Jules Favre, représentants de la France, d'un côté ;

Et de l'autre :

Le chancelier de l'Empire germanique, M. le comte Otto de Bismarck-Schœnhausen, muni des pleins pouvoirs de S. M. l'empereur d'Allemagne, roi de Prusse ;

Le ministre d'Etat et des affaires étrangères de S. M. le roi de Bavière, M. le comte Otto de Bray-Steinburg ;

Le ministre des affaires étrangères de S. M. le roi de Wurtemberg, le baron Auguste de Wæchter ;

Le ministre d'Etat, président du conseil des ministres de S. A. Mgr le grand-duc de Bade, M. Jules Joly, représentants de l'Empire germanique.

Les pleins pouvoirs des parties contractantes ayant été trouvés en bonnes et dues formes, il a été convenu ce qui suit pour servir de base préliminaire à la paix définitive à conclure ultérieurement.

Art. 1er. La France renonce, en faveur de l'Empire allemand, à tous ses droits et titres sur les territoires situés à l'est de la frontière ci-après désignée :

La ligne de démarcation commence à la frontière nord-ouest du canton de Cattenom (Moselle), vers le grand-duché de Luxembourg ; suit, vers le sud, les frontières occidentales des cantons de Cattenom et Thionville, passe par le canton de Briey en longeant les frontières occidentales des communes de Montois-la-Montagne et Roncourt, ainsi que les frontières orientales des communes de Marie-aux-Chênes, Saint-Ail, atteint la frontière du canton de Gorze, qu'elle traverse le long des frontières communales de Vionville, Chambley et Onville, suit la frontière sud-ouest de l'arrondissement de Metz, la frontière occidentale de l'arrondissement de Château-Salins jusqu'à la commune de Pettoncourt, dont elle embrasse les frontières occidentale et méridionale, pour suivre la crête des montagnes