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notre illumination ne finît pas avant la représentation.

Pendant que nous prenions possession de notre théâtre, le tambour parcourait une dernière fois les rues du village, et nous entendions les roulements de sa caisse qui s’éloignaient ou se rapprochaient selon le caprice des rues.

Après avoir terminé la toilette de Capi et la mienne, j’allai me poster derrière un pilier pour voir l’arrivée de la compagnie.

Bientôt les roulements du tambour se rapprochèrent, et j’entendis dans la rue une vague rumeur.

Elle était produite par les voix d’une vingtaine de gamins qui suivaient le tambour en marquant le pas.

Sans suspendre sa batterie, le tambour vint se placer entre deux lampions allumés à l’entrée de notre théâtre, et le public n’eut plus qu’à occuper ses places en attendant que le spectacle commençât.

Hélas ! qu’il était lent à venir, et cependant à la porte, le tambour continuait ses ra et ses fla avec une joyeuse énergie ; tous les gamins du village étaient, je pense, installés ; mais ce n’étaient pas les gamins qui nous feraient une recette de quarante francs ; il nous fallait des gens importants, à la bourse bien garnie et à la main facile à s’ouvrir. Enfin mon maître décida que nous devions commencer, bien que la salle fût loin d’être remplie ; mais nous ne pouvions attendre davantage, poussés que nous étions par la terrible question des chandelles.

Ce fut à moi de paraître le premier sur le théâtre, et