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continuons nos recherches, allant droit devant nous, au hasard des chemins, jouant devant les fenêtres des maisons qui ont une belle apparence, que ces fenêtres soient ouvertes ou fermées ; mais, le soir, nous rentrons comme déjà nous étions rentrés la veille. Et cependant nous avons été du lac à la montagne et de la montagne au lac, regardant autour de nous, questionnant de temps en temps les gens que, sur leur bonne mine, nous jugeons disposés à nous écouter et à nous répondre.

Ce jour-là, on nous donna deux fausses joies, en nous répondant que, sans savoir son nom, on connaissait parfaitement la dame dont nous parlions. Une fois, on nous envoya à un chalet bâti en pleine montagne; une autre fois, on nous assura qu’elle demeurait au bord du lac. C’étaient bien des dames anglaises qui habitaient le lac et la montagne, mais ce n’était point madame Milligan.

Après avoir consciencieusement visité les environs de Vevey, nous nous en éloignâmes un peu de côté de Clarens et de Montreux, fâchés du mauvais résultat de nos recherches, mais nullement découragés ; ce qui n’avait pas réussi un jour, réussirait le lendemain, sans doute.

Tantôt nous marchions dans des routes bordées de murs de chaque côté, tantôt dans des sentiers tracés à travers des vignes et des vergers, tantôt dans des chemins ombragés par d’énormes châtaigniers dont l’épais feuillage, interceptant l’air et la lumière, ne laissait pousser sous son couvert que des mousses