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gan, nous arrivions à Lucca, comme Christina serait contente.

Pauvre cher Mattia, il m’aide à chercher ceux que j’aime, et moi je ne fais rien pour qu’il embrasse sa petite sœur.

À partir de Lyon nous gagnons sur le Cygne, car le Rhône aux eaux rapides ne se remonte pas avec la même facilité que la Seine. À Culoz il n’a plus que six semaines d’avance sur nous ; cependant, en étudiant la carte, je doute que nous puissions le rejoindre avant la Suisse, car j’ignore que le Rhône n’est pas navigable jusqu’au lac de Genève, et nous nous imaginons que c’est sur le Cygne que madame Milligan veut visiter la Suisse dont nous n’avons pas la carte.

Nous arrivons à Seyssel, qui est une ville divisée en deux par le fleuve, au-dessus duquel est jeté un pont suspendu, et nous descendons au bord de la rivière. Quelle est ma surprise, quand de loin je crois reconnaître le Cygne !

Nous nous mettons à courir : c’est bien sa forme, c’est bien lui, et cependant il a l’air d’un bateau abandonné. Il est solidement amarré derrière une sorte d’estacade qui le protége, et tout est fermé à bord ; il n’y a plus de fleurs sur la verandah.

Que s’est-il passé ? Qu’est-il arrivé à Arthur ?

Nous nous arrêtons, le cœur étouffé par l’angoisse.

Mais c’est une lâcheté, de rester ainsi immobiles ; il faut avancer, il faut savoir.

Un homme que nous interrogeons veut bien nous