Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un air chaud me souffla au visage et j’entendis un bourdonnement confus ; j’entrai et me trouvai dans une petite tribune ; j’étais dans la salle du tribunal.

Le ministère public prit la parole, et en peu de mots, – il avait l’air très-pressé, – il exposa l’affaire : un vol avait été commis dans l’église Saint-Georges ; les voleurs, un homme et un enfant, s’étaient introduits dans l’église au moyen d’une échelle et en brisant une fenêtre ; ils avaient avec eux un chien qu’ils avaient amené pour faire bonne garde et les prévenir du danger, s’il en survenait un ; un passant attardé, il était alors une heure un quart, avait été surpris de voir une faible lumière dans l’église, il avait écouté et il avait entendu des craquements ; aussitôt il avait été réveiller le bedeau ; on était revenu en nombre ; alors le chien avait aboyé et pendant que les voleurs effrayés s’étaient sauvés par la fenêtre, abandonnant leur chien qui n’avait pas pu monter à l’échelle ; ce chien, conduit sur le champ de courses par l’agent Jerry, dont on ne saurait trop louer l’intelligence et le zèle, avait reconnu son maître qui n’était autre que l’accusé présent sur ce banc ; quant au second voleur on était sur sa piste.

Après quelques considérations qui démontraient ma culpabilité, le ministère public se tut, et une voix glapissante cria : Silence !

Le juge alors, sans se tourner de mon côté, et comme s’il parlait pour lui-même, me demanda mon nom, mon âge et ma profession.

Je répondis en anglais que je m’appelais Francis