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XIV

MÈRE BARBERIN

[The veterinary surgeon having come to their rescue they were set free and started out the next morning. Arriving at the village and observing Mère Barberin leaving her cottage they place the cow in her stable and go into the house and await her return.]

Tout à coup j’aperçus une coiffe blanche, en même temps la hart qui soutenait la barrière craqua.

– Cache-toi vite, dis-je à Mattia.

Je me fis de plus en plus petit.

La porte s’ouvrit : du seuil mère Barberin m’aperçut.

– Qui est-là ? dit-elle.

Je la regardai sans répondre, et de son côté elle me regarda aussi.

Tout à coup ses mains furent agitées par un tremblement :

– Mon Dieu, murmura-t-elle, mon Dieu, est-ce possible, Rémi !

Je me levai et courant à elle, je la pris dans mes bras.

– Maman !

– Mon garçon, c’est mon garçon !

Il nous fallut plusieurs minutes pour nous remettre et pour nous essuyer les yeux.

– Bien sûr, dit-elle, que si je n’avais pas toujours pensé à toi je ne t’aurais pas reconnu ; es-tu changé, grandi, forci !