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foire d’Ussel, et je nommai le vétérinaire qui nous avait assistés dans cet achat.

– Cela sera vérifié.

– Je l’espère, car ce sera cette vérification qui prouvera notre innocence.

– Et dans quelle intention avez-vous acheté une vache ?

– Pour la conduire à Chavanon et l’offrir à la femme qui a été ma mère nourrice, en reconnaissance de ses soins et en souvenir de mon affection pour elle.

– Et comment se nomme cette femme ?

– Mère Barberin.

– Est-ce la femme d’un ouvrier maçon qui, il y a quelques années, a été estropié à Paris ?

– Oui, monsieur le juge de paix.

– Cela aussi sera vérifié.

Mais je ne répondis pas à cette parole comme je l’avais fait pour le vétérinaire d’Ussel.

Voyant mon embarras, le juge de paix me pressa de questions et je dus répondre que s’il interrogeait mère Barberin le but que nous nous étions proposé se trouvait manqué : il n’y avait plus de surprise.

Cependant au milieu de mon embarras j’éprouvais une vive satisfaction : puisque le juge de paix connaissait mère Barberin et qu’il s’informerait auprès d’elle de la vérité ou de la fausseté de mon récit, cela prouvait que mère Barberin était toujours vivante.

J’en éprouvai bientôt une autre ; au milieu de ces questions le juge de paix me dit que Barberin était retourné à Paris depuis quelque temps.