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– Ohé ! les autres, cria-t-il, qui que vous pensez d’une petite air de musique ? v’là des artistes qui nous arrivent.

– Oui, oui, la musique ! la musique ! crièrent des voix d’hommes et de femmes.

– En place pour le quadrille !

Et, en quelques minutes, les groupes de danseurs se formèrent au milieu de la cour ; ce qui fit fuir les volailles épouvantées.

– As-tu joué des quadrilles ? demandai-je à Mattia en italien et à voix basse, car j’étais assez inquiet.

– Oui.

Il m’en indiqua un sur son violon ; le hasard permit que je le connusse. Nous étions sauvés.

On avait sorti une charrette de dessous un hangar ; on la posa sur ses chambrières, et on nous fît monter dedans.

Bien que nous n’eussions jamais joué ensemble, Mattia et moi, nous ne nous tirâmes pas trop mal de notre quadrille. Il est vrai que nous jouions pour des oreilles qui n’étaient heureusement ni délicates, ni difficiles.

– Un de vous sait-il jouer du cornet à pistons ? nous demanda le gros rougeaud.

– Oui, moi, dit Mattia, mais je n’en ai pas.

– Je vas aller vous en chercher un, parce que le violon, c’est joli, mais c’est fadasse.

– Tu joues donc aussi du cornet à piston ? demandai-je à Mattia en parlant toujours italien.