Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
SANS FAMILLE

très-effrayé des paroles du magister ; mes compagnons me parurent aussi très-affectés de ces paroles ; ils n’en savaient pas plus que moi, et, sur eux comme sur moi, l’inconnu produisit son effet inquiétant.

Pour le magister, il ne perdait pas la conscience de notre situation désespérée, et quoiqu’il la vit nettement dans toute son horreur, il ne pensait qu’aux moyens à prendre pour organiser notre défense.

— Maintenant, dit-il, il s’agit de nous arranger pour rester ici sans danger de rouler à l’eau.

— Nous avons des trous.

— Croyez-vous que vous n’allez pas vous fatiguer de rester dans la même position ?

— Tu crois donc que nous allons rester ici longtemps ?

— Est-ce que je sais !

— On va venir à notre secours.

— C’est certain, mais pour venir à notre secours, il faut pouvoir. Combien de temps s’écoulera, avant qu’on commence notre sauvetage ? Ceux-là seuls qui sont sur la terre, peuvent le dire. Nous qui sommes dessous, il faut nous arranger pour y être le moins mal possible, car si l’un de nous glisse, il est perdu.

— Il faut nous attacher tous ensemble.

— Et des cordes ?

— Il faut nous tenir par la main.

— M’est avis que le mieux est de nous creuser des paliers comme dans un escalier ; nous sommes sept, sur deux paliers nous pourrons tenir tous ; quatre se placeront sur le premier, trois sur le second.

— Avec quoi creuser ?