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SANS FAMILLE


IV


L’INONDATION


Le lendemain matin, nous nous retrouvâmes dans la mine.

— Eh bien ! dit l’oncle Gaspard, as-tu été content du garçon, magister ?

— Mais oui, il a des oreilles, et j’espère que bientôt il aura des yeux.

— En attendant, qu’il ait aujourd’hui des bras ! dit l’oncle Gaspard.

Et il me remit un coin pour l’aider à détacher un morceau de houille qu’il avait entamé par dessous ; car les piqueurs se font aider par les rouleurs.

Comme je venais de rouler ma benne au puits Sainte-Alphonsine pour la troisième fois, j’entendis du côté du puits un bruit formidable, un grondement épouvantable et tel que je n’avais jamais rien entendu de pareil depuis que je travaillais dans la mine. Était-ce un éboulement, un effondrement général ? J’écoutai ; le tapage continuait en se répercutant de tous côtés. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Mon premier senti-