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SANS FAMILLE

Je compris que c’était l’oncle Gaspard.

— Nous t’attendions depuis longtemps déjà, me dit-il avec bonhomie.

— Le chemin est long de Paris à Varses.

— Et tes jambes sont courtes, dit-il en riant.

Capi, heureux de retrouver Alexis, lui témoignait sa joie en tirant sur la manche de sa veste à pleines dents.

Pendant ce temps, j’expliquai à l’oncle Gaspard que Mattia était mon camarade et mon associé, un bon garçon que j’avais connu autrefois, que j’avais retrouvé et qui jouait du cornet à piston comme personne.

— Et voilà M. Capi, dit l’oncle Gaspard ; c’est demain dimanche, quand vous serez reposés, vous nous donnerez une représentation ; Alexis dit que c’est un chien plus savant qu’un maître d’école ou qu’un comédien.

Autant je m’étais senti gêné devant la tante Gaspard, autant je me trouvai à mon aise avec l’oncle : décidément c’était bien le digne frère « du père ».

— Causez ensemble, garçons, vous devez en avoir long à vous dire ; pour moi, je vais causer avec ce jeune homme qui joue si bien du cornet à piston.

Pour une semaine entière ; encore eût-elle été trop courte. Alexis voulait savoir comment s’était fait mon voyage, et moi, de mon côté, j’étais pressé d’apprendre comment il s’habituait à sa nouvelle vie, si bien qu’occupés tous les deux à nous interroger, nous ne pensions pas à nous répondre.