Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/409

Cette page a été validée par deux contributeurs.
401
SANS FAMILLE

immobile attendant nos ordres, et il demanda ce que nous voulions pour notre dîner qu’il allait nous faire servir sur notre verandah.

— Vous avez des tartes ? demanda Mattia.

— Tarte à la rhubarbe, tarte aux fraises, tarte aux groseilles.

— Eh bien ! Vous nous servirez de ces tartes.

— Des trois ?

— Certainement.

— Et comme entrée ? comme rôti ? comme légumes ?

À chaque offre, Mattia ouvrait les yeux, mais il ne se laissa pas déconcerter.

— Ce que vous voudrez, dit-il.

Le garçon sortit gravement.

— Je crois que nous allons dîner mieux ici que dans la famille Driscoll, dit Mattia.

Le lendemain, madame Milligan vint nous voir ; elle était accompagnée d’un tailleur et d’une lingère, qui nous prirent mesure pour des habits et des chemises.

Elle nous dit que Lise continuait à s’essayer de parler, et que le médecin avait assuré qu’elle était maintenant guérie ; puis, après avoir passé une heure avec nous, elle nous quitta, m’embrassant tendrement et donnant la main à Mattia.

Elle vint ainsi pendant quatre jours, se montrant chaque fois plus affectueuse et plus tendre pour moi, mais avec quelque chose de contraint cependant, comme si elle ne voulait pas s’abandonner à cette tendresse et la laisser paraître.

Le cinquième jour, ce fut la femme de chambre