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SANS FAMILLE

extraordinaire, merveilleux, c’était que le Cygne était retrouvé.

— Qui a eu raison ? criait Mattia.

Si j’avais osé j’aurais avoué que mon espérance était vive aussi, très-vive, mais je n’osais pas préciser, même pour moi seul, toutes les idées, toutes les folies qui faisaient s’envoler mon imagination.

Nous n’avons plus besoin de nous arrêter maintenant pour interroger les gens, le Cygne est devant nous ; il n’y a qu’à suivre la Seine.

Mais à Moret le Loing se jette dans la Seine, et il faut recommencer nos questions.

Le Cygne a remonté la Seine.

À Montereau il faut les reprendre encore.

Cette fois le Cygne a abandonné la Seine pour l’Yonne ; il y a un peu plus de deux mois qu’il a quitté Montereau ; il a à son bord une dame anglaise et un jeune garçon étendu sur un lit.

Nous nous rapprochons de Lise en même temps que nous suivons le Cygne, et le cœur me bat fort, quand en étudiant ma carte je me demande si après Joigny madame Milligan aura choisi le canal de Bourgogne ou celui du Nivernais.

Nous arrivons au confluent de l’Yonne et de l’Armançon, le Cygne a continué de remonter l’Yonne ; nous allons donc passer par Dreuzy et voir Lise ; elle-même nous parlera de madame Milligan et d’Arthur.

Depuis que nous courrions derrière le Cygne nous ne donnions plus grand temps à nos représentations, et Capi qui était un artiste consciencieux ne comprenait rien à notre empressement : pourquoi ne lui per-