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SANS FAMILLE

ceintes ; l’une réservée au tribunal, l’autre ouverte aux curieux.

Sur une estrade élevée était assis le juge, plus bas et devant lui siégeaient trois autres gens de justice qui étaient, je le sus plus tard, un greffier, un trésorier pour les amendes, et un autre magistrat qu’on nomme en France le ministère public : devant ma tribune était un personnage en robe et en perruque, mon avocat.

Comment avais-je un avocat ? D’où me venait-il ? Qui me l’avait donné ? Était-ce Mattia et Bob ? c’étaient là des questions qu’il n’était pas l’heure d’examiner. J’avais un avocat, cela suffisait.

Dans une autre tribune j’aperçus Bob lui-même, ses deux camarades, l’aubergiste du Gros-Chêne, et des gens que je ne connaissais point, puis dans une autre qui faisait face à celle-là je reconnus le policeman qui m’avait arrêté ; plusieurs personnes étaient avec lui : je compris que ces tribunes étaient celles des témoins.

L’enceinte réservée au public était pleine ; au-dessus d’une balustrade j’aperçus Mattia, nos yeux se croisèrent, s’embrassèrent, et instantanément je sentis le courage me relever : je serais défendu, c’était à moi de ne pas m’abandonner et de me défendre moi-même ; je ne fus plus écrasé par tous les regards qui étaient dardés sur moi.

Le ministère public prit la parole, et en peu de mots, — il avait l’air très-pressé, — il exposa l’affaire : un vol avait été commis dans l’église Saint-Georges ; les voleurs, un homme et un enfant, s’étaient introduits