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SANS FAMILLE

et fait bonne garde, il nous sera utile pour les voitures, car au milieu de cette confusion de gens on pourrait bien nous voler. Vous irez donc seuls jouer avec Bob, et si votre travail se prolonge tard dans la nuit, ce qui est probable, vous viendrez nous rejoindre à l’Auberge du Gros-Chêne où nous coucherons, car mon intention est de partir d’ici à la nuit tombante.

Cette auberge du Gros-Chêne où nous avions passé la nuit précédente, était située à une lieue de là en pleine campagne, dans un endroit désert et sinistre ; et elle était tenue par un couple dont la mine n’était pas faite pour inspirer confiance ; rien ne nous serait plus facile que de retrouver cette auberge dans la nuit ; la route était droite ; elle n’aurait d’autre ennui pour nous que d’être un peu longue après une journée de fatigue.

Mais ce n’était pas là une observation à présenter à mon père qui ne souffrait jamais la contradiction : quand il avait parlé, il fallait obéir et sans répliquer.

Le lendemain matin, après avoir été promener Capi, lui avoir donné à manger et l’avoir fait boire pour être bien sûr qu’il ne manquerait de rien, je l’attachai moi-même à l’essieu de la voiture qu’il devait garder et nous gagnâmes le champ de course, Mattia et moi.

Aussitôt arrivés nous nous mîmes à jouer et cela dura sans repos jusqu’au soir ; j’avais le bout des doigts douloureux comme s’ils étaient piqués par des milliers d’épines et Mattia avait tant soufflé dans son cornet à piston qu’il ne pouvait plus respirer : cependant