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SANS FAMILLE

quels se pressaient des gens en haillons pittoresques.

Comme nous passions devant un de ces feux au-dessus duquel une marmite était suspendue, nous reconnûmes notre ami Bob. Il se montra enchanté de nous voir. Il était venu aux courses avec deux de ses camarades, pour donner des représentations d’exercices de force et d’adresse, mais les musiciens sur qui ils comptaient leur avaient manqué de parole, de sorte que leur journée du lendemain au lieu d’être fructueuse comme ils l’avaient espéré, serait probablement détestable. Si nous voulions nous pouvions leur rendre un grand service : c’était de remplacer ces musiciens, la recette serait partagée entre nous cinq ; il y aurait même une part pour Capi.

Au coup d’œil que Mattia me lança je compris que ce serait faire plaisir à mon camarade d’accepter la proposition de Bob, et comme nous étions libres de faire ce que bon nous semblait, à la seule condition de rapporter une bonne recette, je l’acceptai.

Il fut donc convenu que le lendemain nous viendrions nous mettre à la disposition de Bob et de ses deux amis.

Mais en rentrant dans la ville, une difficulté se présenta quand je fis part de cet arrangement à mon père.

— J’ai besoin de Capi demain, dit-il, vous ne pourrez pas le prendre.

À ce mot, je me sentis mal rassuré ; voulait-on employer Capi à quelque vilaine besogne ? mais mon père dissipa tout de suite mes appréhensions :

— Capi a l’oreille fine, dit-il, il entend tout