Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/340

Cette page a été validée par deux contributeurs.
332
SANS FAMILLE

des eaux contre le mal des dents, des drogues pour faire pousser les cheveux, d’autres pour les teindre.

Et quand nous étions là nous voyions sortir de la cave des ballots qui étaient arrivés cour du Lion-Rouge, en ne venant pas directement des magasins dans lesquels on vendait ordinairement ces marchandises.

Enfin les voitures furent remplies, des chevaux furent achetés : où et comment ? je n’en sais rien, mais nous les vîmes arriver, et tout fut prêt pour le départ.

Et nous, qu’allions-nous faire ? Resterions-nous à Londres avec le grand-père qui ne quittait pas la cour du Lion-Rouge ? Serions-nous marchands comme Allen et Ned ? Ou bien accompagnerions-nous les voitures de la famille, en continuant notre métier de musiciens, et en jouant notre répertoire dans les villages, dans les villes qui se trouveraient sur notre chemin ?

Mon père ayant trouvé que nous gagnions de bonnes journées avec notre violon et notre harpe, décida que nous resterions musiciens et il nous signifia sa volonté la veille de notre départ.

— Retournons en France, me dit Mattia, et profitons de la première occasion qui se présentera pour nous sauver.

— Pourquoi ne pas faire un voyage en Angleterre ?

— Parce que je te dis qu’il nous arrivera une catastrophe.

— Nous avons chance de trouver madame Milligan en Angleterre.