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SANS FAMILLE

je m’arrête pour tâcher d’empêcher mon cœur de battre, je ne respire plus et je tremble.

Puis je suis Mattia et nous nous arrêtons devant une plaque en cuivre sur laquelle nous lisons : Greth and Galley.

Mattia s’avance pour tirer la sonnette, mais j’arrête son bras.

— Qu’as-tu ? me dit-il, comme tu es pâle.

— Attends un peu que je reprenne courage.

Il sonne et nous entrons.

Je suis tellement troublé, que je ne vois pas très-distinctement autour de moi ; il me semble que nous sommes dans un bureau et que deux ou trois personnes penchées sur des tables écrivent à la lueur de plusieurs becs de gaz qui brûlent en chantant.

C’est à l’une de ces personnes que Mattia s’adresse, car bien entendu je l’ai chargé de porter la parole. Dans ce qu’il dit reviennent plusieurs fois les mots de boy, family et Barberin ; je comprends qu’il explique que je suis le garçon que ma famille a chargé Barberin de retrouver. Le nom de Barberin produit de l’effet : on nous regarde, et celui à qui Mattia parlait se lève pour nous ouvrir une porte.

Nous entrons dans une pièce pleine de livres et de papiers : un monsieur est assis devant un bureau, et un autre en robe et en perruque, tenant à la main plusieurs sacs bleus, s’entretient avec lui.

En peu de mots, celui qui nous précède explique qui nous sommes, et alors les deux messieurs nous regardent de la tête aux pieds.

— Lequel de vous est l’enfant élevé par Barberin ?