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SANS FAMILLE

On nous fit entrer dans un parloir et bientôt le père arriva ; de la porte, il me tendit les bras.

— Ah ! le bon garçon, dit-il en m’embrassant, le brave Rémi !

Tout de suite je lui parlai de Lise et d’Alexis, puis comme je voulais lui expliquer pourquoi je n’avais pas pu aller chez Étiennette, il m’interrompit :

— Et tes parents ? dit-il.

— Vous savez donc ?

Alors il me raconta qu’il avait eu la visite de Barberin quinze jours auparavant.

— Il est mort, dis-je.

— En voilà un malheur !

Il m’expliqua comment Barberin s’était adressé à lui pour savoir ce que j’étais devenu : en arrivant à Paris, Barberin s’était rendu chez Garofoli, mais bien entendu il ne l’avait pas trouvé ; alors il avait été le chercher très-loin, en province, dans la prison où Garofoli était enfermé, et celui-ci lui avait appris qu’après la mort de Vitalis, j’avais été recueilli par un jardinier nommé Acquin ; Barberin était revenu à Paris, à la Glacière, et là il avait su que ce jardinier était détenu à Clichy. Il était venu à la prison, et le père lui avait dit comment je parcourais la France, de sorte que si l’on ne pouvait pas savoir au juste où je me trouvais en ce moment, il était certain qu’à une époque quelconque je passerais chez l’un de ses enfants. Alors il m’avait écrit lui-même à Dreuzy, à Varses, à Esnandes et à Saint-Quentin ; si je n’avais pas trouvé sa lettre à Dreuzy, c’est que j’en étais déjà parti sans doute lorsqu’elle y était arrivée.