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SANS FAMILLE

monsieur que tu vois, c’est celui de qui Barberin parlait, il arrive, et Barberin n’est plus là, en v’là… une histoire !

— Barberin ne vous a donc jamais parlé de ma famille ? dis-je.

— Plus de vingt fois, plus de cent fois, une famille riche.

— Où demeure cette famille, comment se nomme-t-elle ?

— Ah ! voilà. Barberin ne m’a jamais parlé de ça. Vous comprenez, il en faisait mystère ; il voulait que la récompense fût pour lui tout seul, comme de juste, et puis c’était un malin.

Hélas ! oui, je comprenais ; je ne comprenais que trop ce que la vieille femme venait de me dire : Barberin en mourant avait emporté le secret de ma naissance.

Je n’étais donc arrivé si près du but que pour le manquer. Ah ! mes beaux rêves ! mes espérances !

— Et vous ne connaissez personne à qui Barberin en aurait dit plus qu’à vous ? demandai-je à la vieille femme.

— Pas si bête, Barberin, de se confier à personne ; il était bien trop méfiant pour ça.

— Et vous n’avez jamais vu quelqu’un de ma famille venir le trouver ?

— Jamais.

— Des amis à lui, à qui il aurait parlé de ma famille ?

— Il n’avait pas d’amis.

Je me pris la tête à deux mains ; mais j’eus beau