Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
SANS FAMILLE


X


L’ANCIENNE ET LA NOUVELLE FAMILLE


Je dormis peu cette nuit-là ; et cependant combien de fois, en ces derniers temps, m’étais-je fait fête de coucher dans mon lit d’enfant où j’avais passé tant de bonnes nuits, autrefois, sans m’éveiller, blotti dans mon coin, les couvertures tirées jusqu’au menton ; combien de fois aussi lorsque j’avais été obligé de coucher à la belle étoile (qui n’avait pas toujours été belle, hélas !), avais-je regretté cette bonne couverture, glacé par le froid de la nuit, ou transpercé jusqu’aux os par la rosée du matin.

Aussitôt que je fus couché, je m’endormis, car j’étais fatigué de ma journée et aussi de la nuit passée dans la prison, mais je ne tardai pas à me réveiller en sursaut, et alors il me fut impossible de retrouver le sommeil : j’étais trop agité, trop enfiévré.

Ma famille !

Quand le sommeil m’avait gagné, c’était à cette famille que j’avais pensé, et pendant le court espace de temps que j’avais dormi, j’avais rêvé famille, père,