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SANS FAMILLE

comme un très-faible murmure à peine perceptible. Lorsque j’eus respiré et pris une bonne provision d’air, je plongeai de nouveau, mais sans être plus heureux que la première fois. Pas de rails.

J’avais pris la mauvaise galerie sans m’en apercevoir, il fallait revenir en arrière.

Mais comment ? mes camarades ne criaient plus, ou ce qui était la même chose, je ne les entendais pas.

Je restai un moment paralysé par une poignante angoisse, ne sachant de quel côté me diriger. J’étais donc perdu, dans cette nuit noire, sous cette lourde voûte, dans cette eau glacée.

Mais tout à coup le bruit des voix reprit et je sus par où je devais me tourner.

Après être revenu d’une douzaine de brasses en arrière, je plongeai et retrouvai le rail. C’était donc là qu’était la bifurcation. Je cherchai la plaque, je ne la trouvai pas ; je cherchai les ouvertures qui devaient être dans la galerie ; à droite comme à gauche je rencontrai la paroi. Où était le rail ?

Je le suivis jusqu’au bout ; il s’interrompait brusquement.

Alors je compris que le chemin de fer avait été arraché, bouleversé par le tourbillon des eaux et que je n’avais plus de guide.

Dans ces conditions, mon projet devenait impossible, et je n’avais plus qu’à revenir sur mes pas.

J’avais déjà parcouru la route, je savais qu’elle était sans danger, je nageai rapidement pour regagner la remontée : les voix me guidaient.