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SANS FAMILLE

D’un autre côté, il fallait boiser le passage de la lampisterie qui s’était éboulé dans plusieurs endroits, et ainsi, par tous les moyens possibles, il s’efforçait d’arracher à la mine son terrible secret et ses victimes, si elle en renfermait encore de vivantes.

Le septième jour, dans un changement de poste, le piqueur qui arrivait pour entamer le charbon crut entendre un léger bruit, comme des coups frappés faiblement ; au lieu d’abaisser son pic il le tint levé et colla son oreille au charbon. Puis croyant se tromper, il appela un de ses camarades pour écouter avec lui. Tous deux restèrent silencieux et après un moment, un son faible, répété à intervalles réguliers, parvint jusqu’à eux.

Aussitôt la nouvelle courut de bouche en bouche, rencontrant plus d’incrédulité que de foi, et parvint à l’ingénieur, qui se précipita dans la galerie.

Enfin, il avait donc eu raison ! il y avait là des hommes vivants que sa foi allait sauver.

Plusieurs personnes l’avaient suivi, il écarta les mineurs et il écouta, mais il était si ému, si tremblant qu’il n’entendit rien.

— Je n’entends pas, dit-il, désespérément.

— C’est l’esprit de la mine, dit un ouvrier, il veut nous jouer un mauvais tour et il frappe pour nous tromper.

Mais les deux piqueurs qui avaient entendu les premiers soutinrent qu’ils ne s’étaient pas trompés et que des coups avaient répondu à leurs coups. C’étaient des hommes d’expérience vieillis dans le travail des mines et dont la parole avait de l’autorité.

L’ingénieur fit sortir ceux qui l’avaient suivi et même