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SANS FAMILLE

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nalement bien plus qu’avec une intention déterminée, je voyais une infinité de prunelles qui, toutes fixées sur nous, semblaient projeter des rayons.

La première pièce terminée, Capi prit une sébile entre ses dents, et marchant sur ses pattes de derrière, commença à faire le tour « de l’honorable société ». Lorsque les sous ne tombaient pas dans la sébile, il s’arrêtait et plaçant celle-ci dans l’intérieur du cercle hors la portée des mains, il posait ses deux pattes de devant sur le spectateur récalcitrant, poussait deux ou trois aboiements, et frappait des petits coups sur la poche qu’il voulait ouvrir.

Alors dans le public c’étaient des cris, des propos joyeux et des railleries.

— Il est malin, le caniche, il connaît ceux qui ont le gousset garni.

— Allons, la main à la poche !

— Il donnera !

— Il donnera pas !

— L’héritage de votre oncle vous le rendra.

Et le sou était finalement arraché des profondeurs où il se cachait.

Pendant ce temps, Vitalis, sans dire un mot, mais ne quittant pas la sébile des yeux, jouait des airs joyeux sur son violon qu’il levait et qu’il baissait selon la mesure.

Bientôt Capi revint auprès de son maître, portant fièrement la sébile pleine.

C’était à Joli-Cœur et à moi à entrer en scène.

— Mesdames et messieurs, dit Vitalis en gesticulant d’une main avec son archet et de l’autre avec