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SANS FAMILLE

Heureusement la montée était longue ; cependant à force de marcher, nous arrivâmes au haut.

Vitalis ne m’avait pas lâché le poignet.

— Voulez-vous me laisser reposer un peu ? lui dis-je.

— Volontiers, mon garçon.

Et, pour la première fois, il desserra la main.

Mais, en même temps, je vis son regard se diriger vers Capi, et faire un signe que celui-ci comprit.

Aussitôt, comme un chien de berger, Capi abandonna la tête de la troupe et vint se placer derrière moi.

Cette manœuvre acheva de me faire comprendre ce que le signe m’avait déjà indiqué : Capi était mon gardien ; si je faisais un mouvement pour me sauver, il devait me sauter aux jambes.

J’allai m’asseoir sur le parapet gazonné, et Capi me suivit de près.

Assis sur le parapet, je cherchai de mes yeux obscurcis par les larmes la maison de mère Barberin.

Au-dessous de nous descendait le vallon que nous venions de remonter, coupé de prés et de bois, puis tout au bas se dressait isolée la maison maternelle, celle où j’avais été élevé.

Elle était d’autant plus facile à trouver au milieu des arbres, qu’en ce moment même une petite colonne de fumée jaune sortait de sa cheminée, et, montant droit dans l’air tranquille, s’élevait jusqu’à nous.

Soit illusion du souvenir, soit réalité, cette fumée m’apportait l’odeur des feuilles de chêne qui avaient