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SANS FAMILLE

train de le vider. Mais Capi, qui faisait bonne garde, avait vu cette friponnerie du singe, et, en fidèle serviteur qu’il était, il avait voulu l’empêcher.

— Monsieur Joli-Cœur, dit Vitalis, d’une voix sévère, vous êtes un gourmand et un fripon ; allez vous mettre là-bas, dans le coin, le nez tourné contre la muraille, et vous, Zerbino, montez la garde devant lui ; s’il bouge, donnez-lui une bonne claque. Quant à vous, monsieur Capi, vous êtes un bon chien ; tendez-moi la patte que je vous la serre.

Tandis que le singe obéissait en poussant des petits cris étouffés, le chien, heureux, fier, tendait la patte à son maître.

— Maintenant, continua Vitalis, revenons à nos affaires. Je vous donne donc trente francs.

— Non, quarante.

Une discussion s’engagea ; mais bientôt Vitalis l’interrompit :

— Cet enfant doit s’ennuyer ici, dit-il ; qu’il aille donc se promener dans la cour de l’auberge et s’amuser.

En même temps il fit un signe à Barberin.

— Oui, c’est cela, dit celui-ci, va dans la cour, mais n’en bouge pas avant que je t’appelle, ou sinon je me fâche.

Je n’avais qu’à obéir, ce que je fis.

J’allai donc dans la cour, mais je n’avais pas le cœur à m’amuser. Je m’assis sur une pierre et restai à réfléchir.

C’était mon sort qui se décidait en ce moment même.