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SANS FAMILLE

étaient couverts d’une peau noire, et non blanche ou carnée.

Noire aussi était la tête grosse à peu près comme mon poing fermé ; la face était large et courte, le nez était retroussé avec des narines écartées, les lèvres étaient jaunes ; mais ce qui plus que tout le reste me frappa, ce furent deux yeux très-rapprochés l’un de l’autre, d’une mobilité extrême, brillants comme des miroirs.

— Ah ! le vilain singe ! s’écria Barberin.

Ce mot me tira de ma stupéfaction, car si je n’avais jamais vu des singes j’en avais au moins entendu parler ; ce n’était donc pas un enfant noir que j’avais devant moi, c’était un singe.

— Voici le premier sujet de ma troupe, dit Vitalis, c’est M. Joli-Cœur. Joli-Cœur, mon ami, saluez la société.

Joli-Cœur porta sa main fermée à ses lèvres et nous envoya à tous un baiser.

— Maintenant, continua Vitalis étendant sa main vers le caniche blanc, à un autre : le signor Capi va avoir l’honneur de présenter ses amis à l’estimable société ici présente.

À ce commandement le caniche qui jusque-là n’avait pas fait le plus petit mouvement, se leva vivement et se dressant sur ses pattes de derrière il croisa ses deux pattes de devant sur sa poitrine, puis il salua son maître si bas que son bonnet de police toucha le sol.

Ce devoir de politesse accompli, il se tourna vers ses camarades, et d’une patte, tandis qu’il tenait tou-