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SANS FAMILLE

moi, pas de chance à courir : toute votre peine consiste à allonger la main.

Il fouilla dans sa poche et en tira une bourse de cuir dans laquelle il prit quatre pièces d’argent qu’il étala sur la table en les faisant sonner.

— Pensez-donc, s’écria Barberin, que cet enfant aura des parents un jour ou l’autre ?

— Qu’importe ?

— Il y aura du profit pour ceux qui l’auront élevé ; si je n’avais pas compté là-dessus je ne m’en serais jamais chargé.

Ce mot de Barberin : « Si je n’avais pas compté sur ses parents, je ne me serais jamais chargé de lui, » me fit le détester un peu plus encore. Quel méchant homme.

— Et c’est parce que vous ne comptez plus sur ses parents, dit le vieillard, que vous le mettez à la porte. Enfin à qui s’adresseront-ils, ces parents, si jamais ils paraissent ? à vous, n’est-ce pas, et non à moi qu’ils ne connaissent pas ?

— Et si c’est vous qui les retrouvez.

— Alors convenons que s’il a des parents un jour, nous partagerons le profit, et je mets trente francs.

— Mettez-en quarante.

— Non pour les services qu’il me rendra, ce n’est pas possible.

— Et quels services voulez-vous qu’il vous rende. Pour de bonnes jambes, il a de bonnes jambes, pour de bons bras, il a de bons bras, je m’en tiens à ce que j’ai dit, mais enfin à quoi le trouvez-vous propre ?