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SANS FAMILLE

vait cru ? Je n’étais pas mort, moi. Il pouvait comme moi, être revenu à la vie.

Voyant mon inquiétude et devinant sa cause, le père m’emmena au bureau du commissaire, où l’on m’adressa questions sur questions, auxquelles je ne répondis que quand on m’eut assuré que Vitalis était mort. Ce que je savais était bien simple, je le racontai. Mais le commissaire voulut en apprendre davantage, et il m’interrogea longuement sur Vitalis et sur moi.

Sur moi je répondis que je n’avais plus de parents et que Vitalis m’avait loué moyennant une somme d’argent qu’il avait payée d’avance au mari de ma nourrice.

— Et maintenant ? me dit le commissaire.

À ce mot, le père intervint.

— Nous nous chargerons de lui, si vous voulez bien nous le confier.

Non-seulement le commissaire voulut bien me confier au jardinier, mais encore il le félicita pour sa bonne action.

Il fallait maintenant répondre au sujet de Vitalis, et cela m’était assez difficile, car je ne savais rien ou presque rien.

Il y avait cependant un point mystérieux dont j’aurais pu parler : c’était ce qui c’était passé lors de notre dernière représentation, quand Vitalis avait chanté de façon à provoquer l’admiration et l’étonnement de la dame ; il y avait aussi les menaces de Garofoli, mais je me demandais si je ne devais pas garder le silence à ce sujet.