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SANS FAMILLE

La situation était terrible ; sans doute mon maître s’était égaré et ce n’était pas là que se trouvait la carrière qu’il cherchait.

Quand je lui eus dit que je ne trouvais pas les ornières, mais seulement la neige, il resta un moment sans répondre, puis appliquant de nouveau ses mains contre le mur, il le parcourut d’un bout à l’autre. Capi qui ne comprenait rien à cette manœuvre, aboyait avec impatience.

Je marchais derrière Vitalis.

— Faut-il chercher plus loin ?

— Non, la carrière est murée.

— Murée ?

— On a fermé l’ouverture, et il est impossible d’entrer.

— Mais alors ?

— Que faire, n’est-ce pas ? je n’en sais rien ; mourir ici.

— Oh ! maître.

— Oui, tu ne veux pas mourir toi, tu es jeune, la vie te tient : eh bien ! marchons, peux-tu marcher ?

— Mais vous ?

— Quand je ne pourrai plus, je tomberai comme un vieux cheval.

— Où aller ?

— Rentrer dans Paris ; quand nous rencontrerons des sergents de ville nous nous ferons conduire au poste de police ; j’aurais voulu éviter cela ; mais je ne veux pas te laisser mourir de froid ; allons, mon petit Rémi, allons, mon enfant, du courage !

Et nous reprîmes en sens contraire la route que