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SANS FAMILLE


II


UN PÈRE NOURRICIER


Je m’étais approché pour l’embrasser à mon tour, mais du bout de son bâton il m’arrêta :

— Qu’est-ce que c’est que celui-là ?

— C’est Rémi.

— Tu m’avais dit…

— Eh bien oui, mais… ce n’était pas vrai, parce que…

— Ah ! pas vrai, pas vrai.

Il fit quelques pas vers moi son bâton levé et instinctivement je reculai.

Qu’avais-je fait ? De quoi étais-je coupable ? Pourquoi cet accueil lorsque j’allais à lui pour l’embrasser ?

Je n’eus pas le temps d’examiner ces diverses questions qui se pressaient dans mon esprit troublé.

— Je vois que vous faisiez mardi gras, dit-il, ça se trouve bien, car j’ai une solide faim. Qu’est-ce que tu as pour souper ?

— Je faisais des crêpes.