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SANS FAMILLE

exposer à ce que les loups nous attaquent nous-mêmes ; nous n’avons rien pour nous défendre.

C’était terrible d’abandonner ainsi ces deux pauvres chiens, ces deux camarades, ces deux amis, pour moi particulièrement, puisque je me sentais responsable de leur faute ; si je n’avais pas dormi, ils ne seraient pas sortis.

Mon maître s’était dirigé vers la hutte et je l’avais suivi, regardant derrière moi à chaque pas et m’arrêtant pour écouter ; mais je n’avais rien vu que la neige, je n’avais rien entendu que les craquements de la neige.

Dans la hutte, une surprise nouvelle nous attendait ; en notre absence, les branches que j’avais entassées sur le feu s’étaient allumées, elles flambaient, jetant leurs lueurs dans les coins les plus sombres.

Je ne vis point Joli-Cœur.

Sa couverture était restée devant le feu, mais elle était plate et le singe ne se trouvait pas dessous.

Je l’appelai ; Vitalis l’appela à son tour ; il ne se montra pas.

Qu’était-il devenu ?

Vitalis me dit qu’en s’éveillant, il l’avait senti près de lui, c’était donc depuis que nous étions sortis qu’il avait disparu ?

Avait-il voulu nous suivre ?

Nous prîmes une poignée de branches enflammées, et nous sortîmes, penchés en avant, nos branches inclinées sur la neige, cherchant les traces de Joli-Cœur.

Nous n’en trouvâmes point : il est vrai que le pas-