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SANS FAMILLE

ne troublait le silence lugubre de la forêt, et Capi, au lieu de chercher comme on lui commandait, restait dans nos jambes, donnant des signes manifestes d’inquiétude et d’effroi, lui qui ordinairement était aussi obéissant que brave.

La réverbération de la neige ne donnait pas une clarté suffisante pour nous reconnaître dans l’obscurité et suivre les empreintes ; à une courte distance, les yeux éblouis se perdaient dans l’ombre confuse.

De nouveau, Vitalis siffla, et d’une voix forte il appela Zerbino et Dolce.

Nous écoutâmes ; le silence continua ; j’eus le cœur serré.

Pauvre Zerbino ! Pauvre Dolce !

Vitalis précisa mes craintes.

— Les loups les ont emportés, dit-il ; pourquoi les as-tu laissés sortir ?

Ah ! oui, pourquoi ? Je n’avais pas, hélas ! de réponse à donner.

— Il faut les chercher, dis-je.

Et je passai devant ; mais Vitalis m’arrêta.

— Et où veux-tu les chercher ? dit-il.

— Je ne sais pas, partout.

— Comment nous guider au milieu de l’obscurité, et dans cette neige ?

Et, de vrai, ce n’était pas chose facile ; la neige nous montait jusqu’à mi-jambe, et ce n’étaient pas nos deux tisons qui pouvaient éclairer les ténèbres.

— S’ils n’ont pas répondu à mon appel, c’est qu’ils sont… bien loin, dit-il ; et puis, il ne faut pas nous