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SANS FAMILLE

Puis au lieu de rejeter ce tison dans le foyer, lorsqu’il fut rouge, il le garda à la main.

— Allons voir, dit-il, et marche derrière moi ; en avant, Capi !

Au moment où nous allions sortir, un formidable hurlement éclata dans le silence, et Capi se rejeta dans nos jambes, effrayé.

— Ce sont des loups ; où sont Zerbino et Dolce ?

À cela je ne pouvais répondre. Sans doute les deux chiens étaient sortis pendant mon sommeil ; Zerbino réalisant le caprice qu’il avait manifesté, et que j’avais contrarié, Dolce suivant son camarade.

Les loups les avaient-ils emportés ? Il me semblait que l’accent de mon maître, lorsqu’il avait demandé où ils étaient, avait trahi cette crainte.

— Prends un tison, me dit-il, et allons à leur secours.

J’avais entendu raconter dans mon village d’effrayantes histoires de loups ; cependant je n’hésitai pas ; je m’armai d’un tison et suivis mon maître.

Mais lorsque nous fûmes dans la clairière nous n’aperçûmes ni chiens, ni loups.

On voyait seulement sur la neige les empreintes creusées par les deux chiens.

Nous suivîmes ces empreintes ; elles tournaient autour de la hutte ; puis à une certaine distance se montrait dans l’obscurité un espace où la neige avait été foulée, comme si des animaux s’étaient roulés dedans.

— Cherche, cherche, Capi, disait mon maître et en même temps il sifflait pour appeler Zerbino et Dolce.

Mais aucun aboiement ne lui répondait, aucun bruit